L’attentat contre un camp militaire de Gao revendiqué par le groupe jihadiste al-Mourabitoune

belmokhtar-20150308

Selon Bamako, l’attentat-suicide commis à Gao, le 18 janvier, contre les combattants de groupes armés signataires de l’accord de paix au Mali, aurait fait, selon un dernier bilan, plus de 60 tués et 115 blessés. Et il a été rapidement revendiqué par le groupe jihadiste al-Mourabitoune, créé en 2013 lors de la fusion du Mouvement pour l’unité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et les « Signataires par le sang » de Mokhtar Belmokhtar.

C’est ce même groupe qui, lié à al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), avait revendiqué l’attentat-suicide contre des éléments de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA) à l’aéroport de Gao, le 28 novembre dernier, ainsi que, un an plus tôt l’attaque de l’hôtel Radisson Blu à Bamako.

« Nous mettons en garde tous ceux qui sont séduits par de la France pour qu’ils intègrent son alliance. Nous leur réaffirmons que nous n’accepterons pas de casernes, de sièges, de patrouilles ou de convois du colonisateur français qui combattent les moudjahidines », a affirmé Al-Mourabitoune, via un communiqué diffusé par l’agence mauritanienne Al-Akhbar. Le groupe a également donné l’identité du terroriste responsable de ce carnage : il s’agirait d’Abdel Hadi Al-Foulani, qui appatiendrait à l’éthie peule.

Ce dernier, au volant d’un véhicule aux couleurs du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC), l’organisme chargé d’organiser les patrouilles conjointes entre les ex-rebelles touareg et les miliciens pro-gouvernementaux prévues par l’accord de paix d’Alger, a forcé l’entrée du camp, écrasant au passage deux sentinelles, avant de foncer en direction de deux sections qui s’apprêtaient à partir en mission. Là, il a fait exploser la charge qu’il transportait.

Cet attentat, dont l’objectif est de faire dérailler le processus de paix, a été perpétré alors que Mokhtar Belmokhtar, « l’émir » d’al-Mourabitoune, a été visé par une frappe ciblée en novembre dernier, en Libye. Et il a été rapporté que le chef jihadiste aurait été blessé.

Cela étant, le Conseil de sécurité des Nations unies s’est réuni, le 18 janvier, pour évoquer la situation au Mali et la question de l’application de l’accord de paix entre les rebelles touareg et Bamako. Ainsi, l’ambassadeur français, François Delattre, a fait valoir que des sanctions seraient « extrêmement appropriées » pour contraindre les opposants à l’accord de paix. Mais pour cela, il faudrait déposer un projet de résolution allant dans ce sens.

D’après l’ambassadeur suédois Olof Skoog, qui préside le Conseil de sécurité en janvier, « la mise en oeuvre d’un régime de sanctions » n’est pas exclue. En tout cas, cette option a les faveurs d’Hervé Ladsous, le chef des opérations de maintien de la paix des Nations unies.

« En l’absence d’autorité étatique et des arrangements intérimaires, le phénomène terroriste prend des proportions de plus en plus inquiétantes au nord et au centre du Mali », a affirmé M. Ladsous. Et « si la situation sécuritaire continue à se détériorer ainsi, il n’y aura plus de paix à maintenir au Mali », a-t-il prévenu.

D’autant plus que la MINUSMA, forte de 13.000 Casques bleus, est régulièrement visée par les groupes jihadistes. Son chef, Mahamat Saleh Annadif, a une nouvelle fois déploré le manque de moyens, en particulier dans le domaine aérien. Et, sans hélicoptères, a-t-il fait valoir, « je ne peux rien faire. »

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]