Comme Donald Trump, le général Denis Mercier pense que l’Otan a des structures « obsolètes »

mercier-20170118Comme il l’avait déjà fait pendant la course à la Maison Blanche, Donald Trump, le président américain élu, a de nouveau qualifié l’Otan d’organisation « obsolète », lors d’un entretien accordé aux quotidiens « The Times » et « Bild ». Et cela parce que l’Alliance « ne s’est pas occupée du terrorisme », a-t-il dit.

Á la tête de l’un des deux principaux commandements de l’Otan, en l’occurrence l’ Allied Command Transformation (ACT), l’autre étant l’Allied Command Operations (ACO), le général français Denis Mercier est allé dans le même sens que M. Trump. Mais pas pour les mêmes raisons.

En effet, pour le général Mercier, si l’Otan est obsolète (du moins en partie), c’est précisément à cause de son engagement, au nom de la lutte contre le terrorisme, en Afghanistan. Et cela a eu pour effet, a-t-il expliqué à des journalistes, le 17 janvier, de la détourner de mission principale, qui reste la défense de l’Europe. Une réalité qu’a rappelé l’annexion de la Crimée en mars 2014.

Ainsi, l’Otan n’a pas su anticiper les changements stratégiques, ce qui fait que, a dit le général Mercier, « nous avons des structures qui sont obsolètes. » Pour revenir à sa mission première, l’Alliance doit se rationaliser en supprimer les programmes redondants et en encourageant les mutualisations.

Cela étant, le sommet de Varsovie, qui s’est tenu en juillet 2016, a été l’occasion d’une « énorme adaptation de l’Alliance », a souligné le général Mercier, notamment grâce à de nouveaux accords avec d’autres organisations, dont l’Union européenne, ainsi qu’aux décisions prises de renforcer les flancs sud et est de l’Otan pour répondre à une éventuelle menace russe (« nous parlons toujours mieux avec la Russie quand nous sommes forts », a-t-il dit) et à la crise des migrants en Méditerranée.

« S’il n’y avait pas eu d’obsolescences dans de nombreux domaines, nous n’aurions pas décidé cette adaptation », a fait valoir le général Denis Mercier, qui a par ailleurs mis en avant la contribution de l’Otan à la lutte contre le terrorisme, en citant la mise à la disposition de la coalition anti-jihadiste d’avions AWACS et l’envoi d’instructeurs militaires en Jordanie pour former les soldats irakiens.

Par ailleurs, le général Mercier a mis en garde contre le retrait des forces américaines mises à la disposition de l’Otan dans le cadre des mesures de réassurance décidées au profit des pays baltes et de la Pologne. « Si elles [les forces américaines] arrêtent leur déploiement, ce serait une sorte de choc stratégique en Europe », a-t-il dit.

Les propos de M. Trump ont également fait réagir le général Petr Pavel, le chef du comité militaire de l’Otan.

« Je suis fermement convaincu que l’Otan est tout aussi pertinente aujourd’hui qu’elle l’était avant (…) elle s’adapte à la nouvelle situation », a affirmé ce général tchèque. « On peut évidemment discuter de l’ampleur, de la profondeur et du rythme de cette adaptation (…) mais je pense que la pertinence de l’Otan ne peut être contestée », a-t-il insisté.

S’exprimant à l’issue d’une réunion avec les chefs d’état-majaor des 28 pays membres, le général Pavel a souligné « l’importance » de renouer le dialogue au niveau militaire avec la Russie (cela a déjà été fait sur le plan politique, sans résultat probant). « Notre offre est sur la table, nous attendons maintenant une réaction de Moscou », a-t-il dit, après avoir fait état des multiples tentatives d’entrer en contact avec le général Valéri Guerassimov, le chef d’état-major armées russe, depuis plus de deux ans.

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