Bilan en demi-teinte pour l’opération de lutte contre l’orpaillage clandestin en Guyane

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Lors du premier semestre de l’année 2016, les Forces armées en Guyane (FAG) et la Gendarmerie nationale menèrent une série de patrouilles « répressives » contre l’orpaillage clandestin, dans le cadre de l’opération Harpie, lancée en 2008.

Ainsi, leur action avait permis de « traiter » 742 sites, de découvrir 226 caches, de démanteler 878 campements de Garimpeiros (chercheurs d’or illégaux) et de détruire 99 zones d’échanges logistiques fluviales. En outre, 138 tonnes de carburant, 86 tonnes de vivres, 90 pirogues et une quarantaine de quads furent saisis, soit l’équivalent de 10 millions d’euros de matériels.

Aussi, au terme de cette campagne intense (avec 40% de patrouilles en plus effectuées par rapport au premier semestre 2015), le préfet de Guyane, Martin Jaeger, se voulait confiant et espérait passer sous le seuil des 100 sites d’orpaillage illégaux recencés d’ici la fin 2016. Seulement, il en a été tout autrement…

Même si les FAG ont continué leur action contre l’orpaillage clandestin, avec notamment l’opération « Kumak », menée du 17 octobre 2016 au 3 janvier dans la zone d’Eau Claire, le bilan donné récemment par la préfecture de Guyane est en demi-teinte, avec, sur l’ensemble du territoire, « 302 chantiers aurifères illégaux actifs » recensés au 31 décembre 2016 contre 235 un an auparavant. Soit une hausse de 28,51% en un an.

Cela étant, sur plusieurs années, la tendance est globalement orientée vers la baisse (il y avait 493 sites illégaux en 2013). Avec le dernier bilan, le préfet y voit « une stabilisation du nombre de sites en activité entre 2015 et 2016 », sites qui sont « plus diffus avec des équipements plus légers », avec un « adversaire qui s’adapte. »

Pour la gendarmerie, « les interceptions sont plus nombreuses sur les voies de contournement de barrage fluviaux par la forêt que sur les axes fluviaux ». Ce qu’a confirmé le préfet, pour qui « il n’y a jamais eu autant d’opérations, jamais eu autant de saisies », avec 1.700 patrouilles effectués l’an passé contre 1.300 en 2015. Ce qui a abouti à la destruction de « 1.894 campements » et de 113 chantiers illégaux.

« Cette année, on a été beaucoup plus présents en forêt, à tel point que les garimpeiros nous aidaient à détruire pour nous voir vite repartir », a dit un gendarme, selon le journal France-Antilles. Pour mieux recommencer après?

La lutte contre l’orpaillage illégal relève du mythe de Sisyphe. Et si le bilan 2016 est en partie décevant, c’est à cause de la hausse sensible (+24%) de chantiers clandestins dans les 34.000 km² du Parc amazonien de Guyane (PAG), où ils n’ont jamais été aussi nombreux depuis 2008.

Dans le secteur de Maripa-Soula, le PAG note que, « avec 91 sites actifs » (+30), le « niveau d’activité sur la commune explose depuis le survol de juillet 2016 ». Et d’ajouter : « En comparaison avec les résultats de la campagne de mars 2016, la hausse d’activité atteint pratiquement 100 % », ce qui a motivé, d’ailleurs, l’opération Kumak. « C’est sur le secteur sud de la Waki/Tampok que la situation s’est considérablement dégradée en quelques mois (+25 sites actifs). Douze barges (8 actives et 4 en construction) étaient présentes sur les cours d’eau de l’intérieur de la Guyane contre une il y a un an », a-t-il aussi constaté.

Pour le PAG, cette tendance a une explication. Ou du moins, elle est « à mettre en relation avec la baisse des effectifs de gendarmes sur Maripa-Soula qui a conduit à une très forte baisse des opérations de lutte sur le secteur depuis septembre 2016. »

Qui plus est, le nombre d’orpailleurs clandestins a augmenté. Selon les autorités, il serait passé de 5.500 à 6.500 en un an. Et, en 2016, 5.432 personnes ont été interpellées puis écrouées. « Lorsqu’on contrôle un garimpeiro dans la forêt, c’est un promeneur. Il ne va pas revendiquer la propriété d’un moteur ou d’un concasseur », a-t-on expliqué du côté de la gendarmerie.

Aussi, selon le procureur de la République de Cayenne, Éric Vaillant, seulement une « petite trentaine d’affaires liées » à l’orpaillage clandestin sont « jugées chaque année ». Enfin, la quantité d’or saisie est aussi décevante, avec seulement 3 kg récupérés par les gendarmes, sur une production illégale estimée à 3,6 tonnes.

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