Un avion-ravitailleur C-135 FR et deux Rafale contraints à une escale technique à Malte
Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, ne le cache pas (ou plus) : en Libye, les forces françaises ont la mission de « recueillir le maximum de renseignements, par différents moyens », avait-il expliqué lors d’une audition à l’Assemblée nationale, en septembre 2016. Et cela, afin de surveiller l’évolution des organisations jihadistes, dont l’État islamique, présentes dans ce pays.
Le ministre ne fit que confirmer ce que l’on savait déjà. En effet, l’Élysée avait vendu la mèche en décembre 2015 en précisant, dans un dossier de presse, que des Rafale M du porte-avions Charles de Gaulle avaient effectué des missions de renseignement au-dessus de la Libye quand le groupe aéronaval était déployé en Méditerranée orientale, dans le cadre de l’opération Chammal.
Mais, avec ou sans porte-avions, la collecte de renseignements continue. Et pour cela, ce sont les Rafale de la 30e Escadre de Chasse, basée à Mont-de-Marsan, qui sont sollicités, avec leurs nacelles Reco NG.
En général, ces missions se font en toute discrétion. Sauf quand il y a un souci technique, comme cela est arrivé à un avion-ravitailleur C-135 FR, contraint de se poser en urgence à Malte. D’après le quotidien Times of Malta, l’appareil a fait une escale technique à l’aéroport international de Luqa, le 16 janvier. Et il était accompagné par deux Rafale de la 30e Escadre de Chasse, équipés chacun, visiblement, d’une nacelle Reco NG et de missiles air-air.
Le journal maltais précise que les trois avions français effectuaient une mission « au-dessus de la Méditerranée » quand le C-135 FR a eu un problème technique. Ce qui était sans doute vrai pour l’avion-ravitailleur, que devaient rejoindre les deux Rafale pour faire le plein avant de mettre le cap vers Mont-de-Marsan. Et comme cela n’a pas été possible, ils ont été donc déroutés vers Malte. Du moins est-ce un scénario probable.
Ce genre d’incident est plutôt rare. L’an passé, un Mirage 2000D avait été contraint de se poser en urgence à Chypre, à cause d’un problème de carburant. L’appareil revenait de Djibouti, où il venait d’être relevé.
Parmi les « différents moyens » pour collecter du renseignement en Libye, la France a recours à des avions ISR (Intelligence, surveillance, reconnaissance), comme celui qui, loué auprès de la société CAE Aviation, s’est écrasé à Malte, en octobre dernier, avec 5 personnels à bord (dont 3 relevant du ministère de la Défense). À noter également que trois sous-officiers du Service action de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) ont perdu la vie, en juillet 2016, dans la chute de leur hélicoptère, à Benghazi.
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