Le ministère de la Défense reconnaît que la force Barkhane a tué un « combattant mineur » au Mali

tigre-20140730

Le 16 décembre, le ministère de la Défense publia un communiqué (passé relativement inaperçu) relatif à un incident ayant eu lieu deux semaines plus tôt à Aguelhoc, dans le nord du Mali.

« Les armées françaises en opération ont neutralisé un membre d’un groupe armé terroriste chargé de localiser les éléments des forces françaises au profit de poseurs d’engins explosifs improvisés. Les circonstances précises de cette action sont en cours de vérification. Une enquête de commandement a été ordonnée à cette fin », pouvait-on lire dans ce court texte, qui insistait sur la « menace asymétrique persistante et meurtrière qu’exercent les groupes armés terroristes » contre la force Barkhane, l’armée malienne et la mission des Nations unies au Mali (MINUSMA).

Pourquoi publier un communiqué sur une opération somme toute classique? Une partie de la réponse fut donnée après une courte recherche sur Internet. Un article, repris quasiment à la virgule près par plusieurs médias maliens [comme ici], racontait alors que, à Tigabaten, un enfant de 10 ans, envoyé chercher des ânes par ses parents, avait été tué par un hélicoptère français et enterré sommairement.

Et, ce texte était accompagné de la retranscription d’une vidéo (qu’aucun support n’a pu mettre en ligne) dans laquelle les proches de cet enfant interpellait la force Barkhane, après avoir compté les obus près de sa tombe.

L’affaire en était restée là jusqu’au 13 janvier, date du l’ouverture d’un sommet Afrique-France organisé à Bamako. Ce jour-là, Jeune Afrique a repris le contenu de l’article diffusé sur les sites d’informations maliens après avoir eu accès au compte-rendu d’une réunion « tenue à huis-clos par des militaires de l’opération Barkhane » avec la MINUSMA.

« Un général de la force Barkhane a expliqué […] que des soldats français avaient tiré sur un individu considéré comme étant un élément d’un groupe terroriste, puis l’avaient enterré sommairement » et « précisé que cette inhumation avait été menée dans le respect des procédures internes, ce qui laisse à penser que ce genre de pratique est courant. En fait d’un combattant, il s’agissait d’un enfant âgé, selon sa famille, de 10 ans », a écrit Jeune Afrique.

La publication de ce nouvel article a donc poussé le ministère de la Défense à donner sa version. Reprenant les éléments qu’il avait déjà avancés un mois plus tôt, il a indiqué que, au moment des faits, un « réseau de guetteurs agissant pour le compte d’un groupe armée terroriste […] échangeait des informations relatives à un convoi logistique […] approchant du secteur afin de permettre à des poseurs d’engins explosifs improvisés de tuer des soldats français. »

Après avoir rappelé que « le même mode opératoire avait été employé le 4 novembre dernier pour l’action qui a conduit à la mort de l’adjudant Fabien Jacq », tué par l’explosion d’un engin explosif improvisé au passage de son véhicule, le ministère de la Défense a expliqué que la « force Barkhane a alors décidé l’intervention d’une patrouille d’hélicoptères afin de faire cesser cette menace », ce qui a abouti à « la neutralisation d’un de ces guetteurs, qui s’est avéré être un mineur. » Et de préciser qu’une enquête, ouverte immédiatement après cet incident, est « toujours en cours ».

Que ce soit en Afghanistan, au Sahel, au Nigéria ou encore au Levant, les groupes jihadistes (mais pas seulement eux…) n’hésitent pas à embrigader des enfants pour en faire des messagers, des guetteurs voire des « kamikazes ». Était-ce le cas de ce mineur de 10 ans à Tigabaten ou bien y-a-t-il eu une méprise? L’enquête le dira.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]