La Pologne ne veut pas faire les frais d’une éventuelle détente entre les États-Unis et la Russie

pologne-20160603Parce qu’il a remis en cause le principe de défense collective défini par l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord en affirmant qu’il déciderait éventuellement d’une intervention militaire après avoir vérifié qu’un pays membre de l’Otan agressé « a bien respecté ses obligations » vis-à-vis des États-Unis, le président américain élu, Donald Trump, suscite de l’inquiétude parmis les dirigeants polonais et baltes, ces derniers craignant leur voisin russe. Et cela d’autant plus que le prochain locataire de la Maison Blanche prône des relations plus apaisées entre Washington et Moscou.

Cette inquiétude a une nouvelle fois été exprimée par Witold Waszczykowski, le ministre polonais des Affaires étrangères. « Vous ne pouvez pas critiquer qui que ce soit parce qu’il veut améliorer les relations avec la Russie », a-t-il dit, ce 13 janvier, sur les ondes de la radion RMF. « Nous sommes voisins de la russie et nous voudrions le faire », a-t-il continué. « C’est notre message aux Américains : cela nous plaît bien », a-t-il ajouté. Seulement, il « ne faut « pas que cela se fasse à notre détriment », a-t-il prévenu.

Cela étant, M. Waszczykowski estime que, depuis son élection, M. Trump a mis un peu d’eau dans son vin. Il « adopte un comportement rationnel, en mettant en garde contre la Russie », a-t-il dit. « Ils [l’équipe de Trump, ndlr] pensent rationnellement, comme nous, et leur vision du monde et de la rivalité avec la Russie est similaire à la nôtre », a-t-il estimé. Ce que les récentes auditions de Rex Tillerson et du général James Mattis, nommés respectivement à la tête du département d’État et du Pentagone, semblent accréditer.

Pour le moment, et dans le droit fil des décisions prises par l’administration Obama, dans le cadre des mesures de réassurance prises par l’Otan au profit de Varsovie et des trois États baltes, l’US Army continue le déploiement d’une brigade blindée, dotée de chars M1 Abrams en Pologne.

« Dans le cadre de l’opération ‘Atlantic Resolve’ il y a des forces américaines qui reviennent en Europe, et c’est une réponse à ce que fait la Russie », a d’ailleurs commenté l’Américaine Rose Gottemoeller, la secrétaire générale adjointe de l’Otan.

« Je veux dire que le déploiement de la brigade de 3.500 soldats, 87 chars et 144 véhicules blindés Bradley est proportionné et mesuré », a-t-elle ajouté, précisant qu’il s’agissait d’une mesure de « dissuasion et de défense ».

Par ailleurs, Mme Gottemoeller a estimé qu’il existe des « des possibilités légitimes d’un futur dialogue » entre l’Otan et la Russie mais que, dans le même temps, les Alliés doivent « être très clairs » ce qui concerne la réduction des risques sur leur flanc oriental.

Cela étant, pour la première fois depuis l’annexion de la Crimée, le Conseil Otan-Russie s’est réuni à plusieurs reprises en 2016. Et cela aura permis au moins une chose : constater les désaccords.

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