Le chef de l’armée du gouvernement libyen non reconnu reçu à bord du porte-avions russe « Amiral Kouznetsov »

haftar-20150303La situation politique en Libye est compliquée. En 2014, alors que les libéraux venaient de remporter les élections législatives organisées en juin, le Parlement sortant [le Congrès général national, ndlr], dominé par les islamistes, refusa les résultats du scrutin et apporta son soutien à un gouvernement installé à Tripoli. Dans le même temps, l’assemblée élue se replia à Tobrouk, où un autre gouvernement fut formé avec le soutien de la communauté internationale.

Par la suite, ces deux camps rivaux s’affrontèrent, ce qui laissa le champ libre à la branche libyenne de l’État islamique (EI), qui s’empara de la ville de Syrte. Puis, sous l’égide des Nations unies, un accord fut signé en décembre 2015 afin de mettre en place un gouvernement d’union nationale, conduit par Fayez al-Sarraj et reconnu par la communauté internationale (du moins en théorie).

Mais, pour des raisons liées à l’avenir du maréchal Khalifa Haftar, le chef de l’Armée nationale libyenne (ANL), également engagée contre les jihadistes implantés dans la région de Benghazi, le Parlement de Tobrouk refusa de reconnaître ce nouveau gouvernement, entré en fonction, à Tripoli, en mars 2016. Et ce dernier, avec le soutien des puissantes milices de Misrata, chassa l’EI de Syrte, avec l’appui des États-Unis.

Cela étant, les relations entre les deux gouvernements rivaux ne sont pas prêtes de s’améliorer, le maréchal Haftar ayant lancé, en décembre, une opération visant à « nettoyer » le sud du pays de la présence des groupes jihadistes et (surtout) de celle des milices, dont celles de Misrata. À noter que pour le chef de l’ANL, les « Frères musulmans », qu’il qualifie de terroristes, comme le président égyptien, le maréchal al-Sissi, auraient trop d’influence sur le gouvernement d’union nationale.

Comme la Jordanie, l’Égypte et les Émirats arabes unis (ces derniers disposent même d’une base dans l’est de la Libye), la Russie a choisi son camp en soutenant ouvertement le maréchal Khalifa Haftar, lequel enchaîne, depuis plusieurs mois maintenant, les contacts avec les responsables russes.

En novembre, le maréchal Haftar, dont on aurait pu penser qu’il cultivait une relation étroite avec les États-Unis (et la CIA), où il vécut en exil pendant les années Kadhafi, est revenu de Moscou avec la promesse d’une aide militaire russe dans le cas où l’embargo de l’ONU sur les armes serait levé.

Signe de ce soutien de Moscou, le maréchal Haftar a été reçu, le 11 janvier, à bord du porte-avions russe « Amiral Kuznetsov », qui croisait alors au large de Tobrouk, après un déploiement de deux mois en Méditerranée orientale, en soutien aux opérations menées en Syrie.

« Le 11 janvier 2017, le commandant de l’Armée nationale libyenne, le maréchal Khalifa Belqasim Haftar, est monté à bord du porte-avions russe Amiral Kuznetsov, qui regagne son port d’attache en Russie accompagné par son groupe aéronaval », a en effet indiqué un communiqué du ministère russe de la Défense.

Et le texte de préciser que le chef de l’ANL en a profité pour s’entretenir par visioconférence avec le ministre russe de la Défense, Sergeï Choïgou, pour aborder des « questions urgentes relatives à la lutte contre les groupes terroristes internationaux au Moyen-Orient. »

Début janvier, dans un entretien donné au quotidien italien Il Corriere della sera, le maréchal Haftar avait assuré que le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, agirait pour obtenir la levée de l’embargo sur les armes, ce qui ouvrirait ainsi la voie à une aide militaire russe à ses troupes.

« Nous sommes en guerre, les questions de sécurité ont la priorité. Ce n’est pas le moment opportun pour la politique. Nous devons nous battre pour sauver notre pays des islamistes extrémistes », avait expliqué le maréchal Haftar, au sujet de sa relation avec le GNA. « J’ai commencé à parler avec Serraj il y a deux ans et demi. Sans résultat concret. Une fois que les extrémistes auront été vaincus nous pourrons commencer à parler de démocratie et d’élections. Mais pas maintenant », avait-il ajouté.

En outre, pour le maréchal Hafter, ce n’est pas le chef du GNA qui poserait problème. Mais son entourage. « Je n’ai rien personnellement contre Serraj. Ce n’est pas lui le problème, ce sont ceux qui l’entourent », avait-il confié au journal italien.

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