Le président Hollande invite son successeur à porter le budget de la Défense à 2% du PIB d’ici 2022

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Au début du quinquennat du président Hollande, il était prévu de geler le montant du budget de la Défense à hauteur de 31,4 milliards d’euros jusqu’en 2016. Or, cela équivalait à une baisse étant donné que l’inflation, toujours plus forte quand il s’agit de matériels militaires, n’était pas compensée. D’où, d’ailleurs, les suppressions de postes que devaient alors consentir les armées.

En outre, la Loi de programmation militaire 2014-2019 prévoyait un recours importants aux ressources dites exceptionnelles (REX), par définition aléatoires. Mais c’était le scénario le plus acceptable, comparé à celui qui circulait en mars 2013 (le fameux « scénario Z »). Ce dernier promettait de tailler allègrement dans les dépenses militaires afin de les porter à 1,1% du PIB. Une perspective inacceptable pour la plupart des parlementaires, dont Jean-Louis Carrère et Patricia Adam, respectivement présidents de la commission des Affaires étrangères et des Forces armées au Sénat et de la commission de la Défense à l’Assemblée nationale.

Puis, les interventions extérieures (Mali, Centrafrique, Levant), les attaques terroristes de 2015 et 2016 ainsi que la situation dans l’est de l’Europe ont radicalement changé la donne. Exit les ressources exceptionnelles (remplacés par des crédits budgétaires) et la déflation des effectifs des armées. Et sans doute pour la première fois dans l’histoire de la Ve République, une Loi de programmation militaire a été actualisée, afin de prendre en compte une hausse de 3,8 milliards d’euros des crédits affectés à la Défense.

Pour autant, cette inflexion, nécessaire, est loin d’être suffisante. Des ruptures temporaires de capacité ont dû être acceptées, comme par exemple dans le domaine des patrouilleurs hauturiers, les contrats opérationnels des trois armées sont largement dépassés, des programmes d’armement ne peuvent plus souffrir le moindre retard, tel Scorpion, pour l’armée de Terre, et la modernisation des deux composantes de la dissuasion nucléaire se profile.

D’où la tribune publiée dans le quotidien Les Échos par le général Pierre de Villiers, le chef d’état-major des armées (CEMA), pour demander un budget de la défense équivalent à 2% du PIB d’ici la fin du prochain quinquennat. Tout simplement parce qu’on ne peut pas gagner une guerre sans effort de guerre.

Dans le cadre l’Otan, la France a pris l’engagement de porter son effort de défense à 2% de son PIB (pensions comprises). Mais plus tôt cet objectif sera atteint, plus grandes seront les marges de manoeuvres financières des armées. Or, les candidats à l’élection présidentielle, du moins ceux qui ont fait des propositions en la matière, parlent le plus souvent d’atteindre cette norme d’ici 2025.

Si certains observateurs ont vu, dans la tribune du général de Villiers, une marque de défiance à l’égard du pouvoir politique, ils en seront pour leur frais. Lors de ses derniers voeux aux armées, qu’il a adressés depuis la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan, le président Hollande, dont les arbitrages ont souvent bénéficié aux armées, est allé exactement dans le même sens que le CEMA.

« J’ai veillé à ce que le budget 2016 [de la Défense] soit intégralement exécuté tel qu’il était prévu et que les opérations extérieures puissent être intégralement couvertes par des financements. Et l’année prochaine [2017, ndlr], le budget de la Défense augmentera de plus de 600 millions parce que nous devons, année après année, faire cet effort », a commencé par rappeler le président Hollande.

« Cet effort doit être poursuivi, tout au long des prochaines années », a continué le chef de l’État. Et « nous devons aller vers les 2% » de la richesse nationale », a-t-il estimé. Quand? « Sûrement sur les cinq prochaines années », a lâché M. Hollande.

« Nous devons nous assurer cet effort de défense. Pourquoi ? Parce que nous devons moderniser les matériels, parce que nous devons assurer la formation des personnels. Parce que nous devons déployer des opérations. Parce que nous devons assurer nos missions. Parce que nous devons protéger les Français », a expliqué le président de la République.

« La Nation doit elle-même faire un effort pour sa défense. Parce que rien n’est gratuit, et rien ne peut être assuré sans la participation citoyenne, cela veut dire aussi financière, du pays », a encore insisté M. Hollande, avant de souligner l’apport des armées à l’économie du pays, via la sécurité qu’elles apportent, l’investissement public et les exportations de l’industrie française de l’armement, qui, a-t-il souligné, ont battu un record en 2016.

Enfin, le président Hollande a aussi estimé que la « France ne peut pas vivre repliée, recroquevillée » car « ce repli serait dangereux. » Et d’ajouter : « La stabilité et la sécurité de régions entières nous concernent et peuvent mettre en péril notre propre sécurité », comme l’on montré les attentats qui, « préparés de l’extérieur » ont visé le pays ces deux dernières années. « Donc nous avons à nous préoccuper du monde, parce que sinon le monde pourra éventuellement menacer notre sécurité », a-t-il prévenu.

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