Prague va ouvrir un centre contre le terrorisme, les menaces hybrides et la propagande

desinfo-20161230Le 1er septembre dernier, le BiS, le service de contre-espionnage tchèque, avait parlé, dans son rapport annuel, d’une « guerre de l’information » menée dans le pays via un réseau de groupes de « marionnettes » et d’agents de propagande susceptibles d’être utilisés à des fins de déstabilisation.

Le service tchèque avait aussi relevé que des « agents russes » cherchaient à « attiser les tensions sociales et politiques » en s’appuyant sur des relais médiatiques » et en « soutenant les groupes populistes et extrémistes ». Et le BiS de conclure que ce dispositif pourrait être « utilisé pour déstabliser ou manipuler la société tchèque à tout moment si la Russie le décide. »

Or, avec les élections générales qui auront lieu en octobre 2017, Prague redoute une ingérence dans la campagne électorale qui serait susceptible de favoriser les candidats dont les positions seraient favorables à Moscou.

D’où l’annonce, faite en octobre par le ministre tchèque de l’Intérieur, Milan Chovanec, de la création d’un centre spécialisé dans la lutte contre le terrorisme, les menaces hybrides et la propagande.

Une décision qui s’inscrit dans les mesures recommandées par l’Union européenne, qui, en avril, avait souligné « le recours accru à des stratégies et à des opérations hybrides par des acteurs étatiques et non étatiques dans le voisinage immédiat et plus éloigné de l’UE. »

Ce centre tchèque contre le terrorisme, les menaces hybrides et la propagande sera opérationnel le 1er janvier 2017, avec une vingtaine de spécialistes dont la mission sera de faire la chasse aux fausses informations et de démonter, le cas échéant, les théories complotistes. Exercice délicat dans la mesure où l’art des propagandistes n’est pas tant de donner de fausses nouvelles mais de de les présenter à leur sauce ou d’en donner une interprétation qui va dans leur sens.

Qui plus est, ces spécialistes auront du pain sur la planche étant donné que les autorités tchèques estiment à une quarantaine le nombre de sites Internet diffusant des informations biaisés ou fausses dans le but de donner, comme l’a confié Tomás Prouza, le secrétaire d’État tchèque aux affaires européennes, au quotidien britannique The Guardian, « des images négatives de l’Union européenne et de l’Otan » afin de mieux « décourager les gens de participer aux processus démocratiques. »

« L’objectif principal de la propagande russe en République tchèque est de semer le doute dans l’esprit des gens quant au fait que la démocratie est le meilleur système pour organiser un pays », a insisté M. Prouza.

Cela étant, l’on peut avoir quelques doutes sur l’efficacité de ce centre tchèque censé lutter contre la désinformation. Même s’il aura un compte sur Twitter (ce qui reste insuffisant) pour rétablir la véracité des faits, il sera accessible sur le site du ministère de l’Intérieur. Or, à partir du moment où la parole gouvernementale est remise en cause par certains ayant en tête le refrain « on nous cache tout, on nous dit rien », cela ne paraît pas pertinent. Qui plus est, il sera installé dans une bâtiment utilisé, pendant la période soviétique, pour les interrogatoires de la police secrète tchécoslovaque. Pour le coup, avec ce symbole négatif, c’est donner le bâton pour se faire battre…

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