Le président turc accuse la coalition anti-État islamique de soutenir… l’État islamique

erdogan-20161228

Aux dernières nouvelles, la diplomatie française n’a pas encore réagi. Et seul le département d’État américain a jugé « ridicules » les propos tenus par Recep Tayyip Erdogan, le président turc, lors d’une conférence de presse.

Ce dernier a en effet accusé la coalition anti-État islamique (EI ou Daesh) « de ne pas tenir ses promesses en Syrie » et de « soutenir tous les groupes terroristes, dont les YPG [milices kurdes syriennes, ndlr], le PYD [Parti kurde syrien, ndlr] mais aussi Daesh ». Et d’ajouter : « C’est parfaitement évident », avant de promettre des « preuves en images ».

Cela dit, ce n’est pas la première fois que M. Erdogan lance de telles accusations. En novembre, lors d’un déplacement au Pakistan, il avait déclaré que les Occidentaux se tenaient « actuellement au côté de Daesh » et que les armes des jihadistes étaient de « fabrication occidentale »…

En réalité, la Turquie reproche surtout à la coalition anti-EI de ne pas appuyer ses troupes, ainsi que les groupes rebelles syriens qu’elle soutient, dans l’offensive contre l’EI qu’elle a lancée à Al-Bab, dans le nord de la Syrie. En dépit des déclarations rassurantes sur l’issue prochaine de la bataille, les forces turques se heurtent à une forte résistance des jihadistes.

Quoi qu’il en soit, Mark Toner, un porte-parole de la diplomatie américaine, a répondu vertement à M. Erdogan. Selon lui, les accusations lancées par le président turc sont mensongers. « Personne ne peut dire, en regardant les actions menées par la coalition en Syrie et en Irak, autre chose que nous sommes à 100% engagés pour la défaite de Daesh, de voir ses réseaux démantelés et détruits de par le monde », a-t-il fait valoir.

Mais en parlant de soutien à Daesh, le président turc semble avoir oublié quelques faits gênants, comme par exemple la passivité d’Ankara à l’égard des jihadistes, au moins jusqu’à l’été 2015, la bataille de Kobané, où l’armée turque est restée l’arme au pied (ce qui était prévisible étant donné que les jihadistes attaquaient les Kurdes syriens…), les liens d’Abou Sayyaf, l’un des financiers de l’organisation terroriste, avec des officiels turcs, l’affaire, levée par le quotidien Cumhuriyet, portant sur la livraison d’armes et de munitions par le MIT, le service de renseignement turc ou encore le trafic de pétrole transitant par la Turquie.

D’ailleurs, sur ce dernier point, alors que les relations entre Moscou et Ankara étaient au plus bas, après le Su-24 Fencer abattu par la chasse turque, la presse officielle russe s’en était donné à coeur joie, notamment Sputnik, qui avait notamment publié plusieurs articles à charge (« Turquie et pétrole de l’EI: pourquoi Erdogan a eu tort d’exiger des preuves« , « Les liaisons dangereuses Erdogan-Daech », « Erdogan a instrumentalisé Daech pour lutter contre les Kurdes »).

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]