Après le président russe, M. Trump plaide pour un renforcement des capacités nucléaires

 

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En 140 signes, le président américain élu, Donald Trump, qui prendra ses fonctions le 20 janvier prochain, a mis dans l’expectative de nombreux experts de la non-prolifération nucléaire et autres militants du désarmement. Ainsi, via le réseau social Twitter, il a écrit que les États-Unis « doivent grandement renforcer et accroître leur capacité nucléaire tant que le monde n’aura pas retrouvé la raison dans le domaine des armes nucléaires. »

Et cela, alors que le président russe, Vladimir Poutine, a tenu des propos similaires en plaidant pour le « renforcement du potentiel militaire des forces nucléaires stratégiques, avant tout à l’aide de systèmes de missiles capables de garantir le franchissement des systèmes de défense antimissile existants ou à venir. »

« Il est complètement irresponsable pour le président élu […] d’apporter des modifications à la politique nucléaire américaine en 140 caractères et sans comprendre les implications de telles déclarations », a commenté Daryl Kimball, le directeur exécutif de l’Arms Control Association, qui milite pour la maîtrise des armements. « Il doit avoir des dirigeants à travers le monde en essayant de deviner ce qu’il veut dire », a-t-il ajouté.

Il est vrai qu’il est un peu hasardeux d’aborder un sujet aussi sensible que l’armement nucléaire sur Twitter… Car cela laisse libre court à toutes les interprétations possibles. Et certains observateurs ont conclu que M. Trump envisageait d’accroître l’arsenal nucléaire américain, ce qui supposerait une remise en cause des traités de désarmement, comme le New START.

Interrogé sur ce « tweet », le porte-parole de M. Trump, Jason Miller, a expliqué qu’il s’agissait d’une « référence à la menace de la prolifération nucléaire et à la nécessité cruciale de l’empêcher, en particulier pour les régimes instables et voyous ainsi que les organisations terroristes. »

En quoi renforcer une capacité nucléaire empêchera cette prolifération? Analyste au Center for Nonproliferation Studies, Miles Pomper, ne voit pas de lien.

« L’expansion de notre arsenal nucléaire ne fera rien pour empêcher la prolifération nucléaire ou de prévenir le terrorisme nucléaire. Nous avons plus de suffisamment d’armes nucléaires comme ça », a-t-il confié à Reuters.

Mais le plus probable est que M. Trump a voulu évoquer la modernisation des forces stratégiques américaines. Modernisation qui devrait coûter, selon les denières estimations, plus de 1.000 milliards de dollars (960 milliards d’euros) sur 30 ans.

Ce qui passe par le développement de nouveaux sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), bombardiers (B-21 Raider) et d’une refonte des missiles balistiques intercontinentaux sol-sol Minuteman III. À cela, il faut aussi ajouter les investissements nécessaires pour remettre à niveau les laboratoires de la National Nuclear Security Administration, l’organisme fédéral chargé de la gestion et de la sécurité de l’arsenal nucléaire américain.

Durant la campagne qui l’a opposé à Hillary Clinton, M. Trump avait promis de poursuivre ces efforts de modernisation et de maintenir les trois composantes des forces stratégiques américaines (missiles sol-sol, océanique et aéroportée)

« Il n’y a ici rien de nouveau. Il a déjà évoqué lors de sa campagne électorale la nécessité de renforcer la capacité nucléaire des États-Unis, de renforcer les forces armées. Il n’y a ici rien d’inhabituel », a d’ailleurs commenté, au sujet du « tweet » de M. Trump, le président russe, lors de sa conférence de presse annuelle.

Toutefois, il est possible qu’il y ait un débat, outre-Atlantique, sur la nécessité de maintenir cette triade nucléaire. En 2015, le général James Mattis, qui devrait être le pochain chef du Pentagone, avait mis en cause la nécessité de disposer encore de missiles Minuteman III, au motif que leur retrait réduirait le risque de fausse alerte.

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