Hécatombe de drones dans le sud-est de l’Ukraine

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Malgré les accords de Minsk 2, signés en février 2015, les incidents restent nombreux dans le sud-est de l’Ukraine (Donbass), où les forces gouvernementales ukrainiennes font face à des groupes séparatistes soutenus par Moscou.

Aussi, « compte tenu des actions russes qui déstabilisent la situation de l’est de l’Ukraine », l’Union européenne a récemment prolongé ses sanctions contre Moscou jusqu’au 31 juillet 2017 et s’est dit « prête à revenir sur ses décisions et à renouer le dialogue avec la Russie dès que cette dernière commencera à contribuer, activement et sans aucune ambiguïté, à l’élaboration d’une solution à la crise ukrainienne. »

Même logique aux États-Unis, où le département du Trésor a étendu étendu ses sanctions à 7 personnalités du monde des affaires ainsi qu’à 8 autres sociétés russes. Et cela, un mois avant l’investiture de Donald Trump, lequel a nommé Rex Tillerson, le directeur général d’Exxon Mobil et « ami » de Vladimir Poutine, au poste de secrétaire d’État.

Lors du conseil Otan-Russie (COR) du 19 décembre, alors que les ukraniennes venaient de subir les pertes les plus lourdes depuis juillet, avec la mort de cinq de ses soldats, tombés lors de combats à Svitlodarsk, au nord-ouest de la ville stratégique de Debaltseve, les pays membres de l’Otan ont appelé Moscou à « user de sa considérable influence » auprès des séparatistes ukraniens pour qu’ils « respectent pleinement leurs engagements », après avoir souligné les « niveaux records » des atteintes au cessez-le-feu, avec l’emploi d’armes lourdes théoriquement interdites par les accords de Minsk 2.

Or, pour Moscou, la responsabilité en revient aux forces ukrainiennes, lesquelles auraient recours, selon Alexandre Grouchko, l’ambassadeur russe auprès de l’Otan, « à des systèmes d’artillerie interdits par les accords de Minsk et la présence d’équipements lourds dans la ‘zone de sécurité' ».

En tout cas, d’après un compte-rendu de la Mission spéciale d’observation en Ukraine de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), pas moins de 700 et 2.900 explosions ont été constatées les 17 et 18 décembre, autour de Svitlodarsk et Debaltseve. Pour la plupart, elles ont été causées par des tirs d’obus de 122 mm et des lance-roquettes multiples de type B-21 Grad.

Cela étant, le travail des observateurs de l’OSCE est rendu compliqué par la difficulté d’accéder à certaines zones, souvent d’ailleurs tenues par les séparatistes. Pour y remédier, ces derniers utilisent des drones. Seulement, victimes de brouillage électronique, ces appareils ont été perdus les uns après les autres. D’où le lancement, le 9 décembre, d’un nouvel appel d’offres pour s’en procurer de nouveaux.

À cette occasion, le secrétaire général de l’OSCE, Lamberto Zannier, a accusé les séparatistes pro-russes d’être principalement responsables de la perte des drones mis en oeuvre par la Mission spéciale envoyée en Ukraine.

Mais les drones de l’OSCE ne sont pas les seuls à être victimes du brouillage électronique : les RQ-11B Raven des forces ukrainiennes, fournis par les États-Unis, le sont tout autant. Du moins, c’est ce qu’affirme Kiev.

Conçus par AeroVironment pour des missions de surveillance et de renseignement, ces mini-drones, lancés à la main et propulsés par un moteur électrique, sont capables de voler pendant 80 minutes sur un rayon de 10 km et à une vitesse maximale de 95 km/h. Ils peuvent être pilotés depuis le sol ou bien suivre une trajectoire programmée.

Seulement, face à une insurrection ayant des capacités accrues, grâce au soutien russe, par rapport aux taliban, par exemple, ces appareils se sont révélés « décevants », comme l’a confié, à l’agence Reuters, Natan Chazin, un conseiller du chef d’état-major des forces armées ukrainiennes.

En effet, selon lui, les séparatistes sont en mesure d’intercepter et de bloquer les flus vidéo et de données de ces drones. Et, en prime, leur utilisation, loin d’être atout, peut causer des problèmes dans la mesure où, étant « piratés », ils sont susceptibles de donner des informations sur les positions des forces gouvernementales ukrainiennes.

« Les données ne sont pas protégées des interceptions causées par les moyens modernes de guerre électronique », a confirmé un responsable des forces aériennes ukrainiennes.

En réalité, les forces américaines utilisent une version améliorée du RQ-11 Raven (avec des commandes numériques et non analogiques, comme pour ceux livrés à l’Ukraine), ce qui les met, en théorie, à l’abri d’un éventuel brouillage électronique.

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