Débat sur l’avenir de la Force aéronavale nucléaire

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On l’oublie souvent mais la Force aéronavale nucléaire (FANu) est l’une des composantes – certes méconnue – de la dissuasion nucléaire française depuis 1978. Plus précisément, relevant de la Marine nationale, elle fait partie de la composante aéroportée, essentiellement constituée par les Forces aériennes stratégique (FAS) de l’armée de l’Air.

La FANu s’articule évidemment autour du porte-avions Charles de Gaulle, lequel est en mesure de mettre en oeuvre des Rafale M F3 emportant le missile de croisière ASMP-A. En outre, à Six Fours (Var), elle dispose d’un centre d’opérations dont le rôle est préparer et de suivre les ordres éventuels du président de la République.

« L’appareillage du porte-avions avec l’arme nucléaire à bord est un message fort. Du fait de sa mobilité, de la possibilité qui lui est donnée d’opérer librement à partir des eaux internationales, et de son escorte navale qui lui garantit une protection maximale, le porte-avions est un outil parfaitement adapté à la mise en œuvre de l’armement nucléaire », expliquait, en 2014, le vice-amiral d’escadre Philippe Coindreau, alors commandant la Force d’action navale (ALFAN) et donc de la FANu.

Alors que l’on commence à s’interroger sur les spécifications techniques qu’aura le successeur du porte-avions Charles de Gaulle, le député Yves Fromion a mis le sujet de l’avenir de la FANu sur la table, lors de l’examen, en commission, d’un rapport sur les enjeux industriels et technologiques du renouvellement des deux composantes de la dissuasion nucléaire. Ce qui n’était sans doute jamais arrivé.

Pour le parlementaire, la question de la permanence de la FANu « mérite d’être posée ». Or, cette dernière ne peut en effet pas être permanente « car nous ne disposons que d’un seul porte-avions, ce qui pose un problème de continuité, également lié à la question du positionnement du porte-avions qui doit être portée de sa cible potentielle », a-t-il souligné.

En outre, pour M. Fromion, la question « de la réalisation concrète d’un raid nucléaire à partir du porte-avions » se « pose également ». Et d’expliquer : « Quand on constate le degré de complexité d’une telle opération menée à partir de la terre par les forces aériennes stratégiques et les moyens considérables qui doivent être mis en œuvre, on peut s’interroger sur l’opportunité de maintenir cette composante hybride à l’avenir, d’autant qu’elle impose des contraintes très lourdes. »

Qui plus est, a continué le député, « un porte-avions qui embarque l’arme nucléaire est un bâtiment conçu et construit spécialement pour cela, avec notamment des problèmes de réduction des capacités de transport pour les munitions conventionnelles en particulier, ce qui réduit les capacités de frappe des avions de chasse. »

Co-auteur du document examiné en commission, Jean-Jacques Bridey a dit « souscrire à ces réflexions », même si elles « sont un peu hors sujet par rapport au champ de la mission d’information qui concerne les enjeux technologiques et industriels du renouvellement des deux composantes. » En tout cas, le débat est ouvert.

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