Syrie : La ville de Palmyre à nouveau sous le contrôle de l’État islamique

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Sous pression à Mossoul (Irak) ainsi qu’en Syrie, notamment à Al-Bab (face aux groupes rebelles syriens soutenus par la Turquie) et à Raqqa (Syrie), l’État islamique (EI ou Daesh) a pu trouver assez de ressources pour lancer une contre-attaque en direction de Palmyre, ville que ses combattants abandonnèrent suite à une opération menée par les forces de Bachar el-Assad, appuyées par l’aviation russe.

Comme en mai 2015, l’EI a manoeuvré très rapidement pour reconquérir la « perle du désert ». Si les jihadistes ont reculé dans un premier temps sous l’effet d’une soixantaine de frappes aériennes effectuées par l’aviation russe dans la nuit du 10 au 11 décembre, ils sont vite repartis à l’assaut pour prendre à nouveau le contrôle de Palmyre, au terme d’une offensive de 72 heures.

« L’EI a repris dimanche, en dépit des bombardements russes, le contrôle de la totalité de Palmyre après le retrait de l’armée syrienne au sud de la ville », a en effet déclaré Rami Abdel Rahmane, le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Ce qu’a reconnu Talal Barazi, le gouverneur de la province de Homs.

S’agissant des forces syriennes, leur commandement assure qu’elles se sont repliées en bon ordre face à l’avancée jihadiste. Seulement, au vu des stocks de munitions et des véhicules laissés derrière elles, il est permis d’en douter. En outre, la base aérienne T4 (ou de Tiyas), d’où décollaient les hélicoptères d’attaque russes, est désormais menacé. Mais, certaines sources ont indiqué que les militaires russes en sont partis, ce qui ne peut pas être vérifié pour le moment.

Cela étant, il s’agit du premier succès significatif obtenu par l’EI depuis un environ un an. Et comme la région de Palmyre est riche en hydrocarbures, son contrôle lui permettra de disposer de nouvelles ressources.

Certes, pour les forces syriennes et russes, la priorité du moment va à Alep-Est, où les quartiers tenus par les rebelles tombent les uns après les autres. Mais la perte de Palmyre constitue tout de même un sérieux revers pour Damas et Moscou, d’autant plus que la reconquête de cette ville, en mars dernier, avait donné lieu à une opération de communication de la part des autorités russes, avec un concert classique donné au milieu des ruines de la cité antique.

« Palmyre est une ville syrienne. Et ce n’est pas la Russie qui perd Palmyre (…). La menace de perdre Palmyre porte atteinte à l’image de tout le monde civilisé », a toutefois réagi, ce 12 décembre, Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, avant d’imputer la responsabilité de l’offensive jihadiste… à la coalition anti-EI et aux États-Unis. Ce qui ne manque pas de cynisme…

« Nous regrettons également qu’il n’y ait pas de coordination et de véritable coopération avec d’autres pays, principalement avec les États-Unis, qui refusent de collaborer. Une telle coopération nous permettrait à tous d’éviter efficacement de telles attaques terroristes », a en effet affirmé M. Peskov.

De son côté, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, regrettant « profondément » l’impasse des pourpalers russo-américains sur Alep, a dénoncé le double-langage des autorités russes.

« D’un coté on dit : ‘on négocie, on négocie et on va arriver à un cessez-le-feu’, et puis de l’autre on continue la guerre et cette guerre c’est la guerre totale, c’est la volonté de sauver le régime de Bachar al-Assad et de faire tomber Alep, mais à quel prix? À quel prix humanitaire? », s’est-il insurgé. Et d’ajouter : « Et puis enfin, les Russes qui prétendent lutter contre le terrorisme, se concentrent en fait sur Alep et ont laissé un espace à Daesh qui est en train de reprendre Palmyre, tout un symbole! »

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