Brésil : L’ex-président Lula accusé d’avoir favorisé l’avion JAS-39 Gripen aux dépens du Rafale et du F-18

gripen-20150827

La compétition entre Saab (JAS-39 Gripen E/F), Boeing (F-18 Super Hornet) et Dassault Aviation (Rafale) pour fournir 36 avions de combat à la Força Aérea Brasileira dans le cadre du programme FX-2 a-t-elle été régulière? Le doute est en effet permis…

Fin 2013, Brasilia annonça son intention de doter ses forces aériennes de 36 avions JAS-39 Gripen E/F pour 5,4 milliards de dollars, ce qui devait mettre un terme à un feuilleton aux multiples rebondissements qui durait alors depuis plusieurs années. Quatre ans plus tôt, lors d’une visite officielle du président Sarkozy au Brésil, le Rafale tenait la corde. Seulement, la signature du contrat, que l’on croyait imminente à l’époque, n’eut jamais lieu…

Mais comme les telenovelas dont sont friands les téléspectateurs brésiliens, le « feuilleton » du programme FX-2 semble ne pas avoir de fin. En avril 2015, la justice brésilienne ouvrit en effet une enquête sur le contrat des Gripen car elle était intriguée par la différence de 900 millions de dollers entre le montant du contrat signé et l’offre soumise par Saab. Le dossier fut clos en août de cette année, faute d’élément probant sur de possibles malversations.

Cependant, en février 2016, et alors que le Brésil vit au rythme de l’opération anti-corruption « Zélotes », qui a déjà fait tomber Dilma Roussef, la présidente du pays, la justice brésilienne a repris ses investigations, sur la base de nouveaux éléments découverts dans le cadre d’une enquête, distincte, portant sur des faits présumés de fraude fiscale et de trafic d’influence.

Mais il ne pourrait s’agir que de la partie émergée de l’iceberg. En effet, le 9 décembre, le parquet fédéral brésilien a formellement accusé l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva (dit Lula) d’avoir usé de son influence pour favoriser l’offre de Saab aux dépens de Dassault Aviation et de Boeing.

Bien que n’étant plus au pouvoir au moment de l’annonce du résultat de l’appel d’offres, Lula aurait ainsi influencé le gouvernement, dominé par le Parti des travailleurs dont il est issu, afin d’aider Saab à remporter le marché FX-2. En échange de ce coup de pouce, le fils de l’ex-président, Claudio Lula da Silva, également impliqué dans cette affaire, aurait reçu 700.000 euros de la part de la société de conseil Marcondes & Mautoni, qui compte le constructeur suédois parmi ses clients.

Évidemment, les avocats de la famille Lula nient tout en bloc. Et d’expliquer que la somme reçue par Claudio Lula da Silva correspondait à sa rémunération pour avoir organisé des compétitions de football américain au Brésil tout en dénonçant la « persécution politique » dont leur client fait l’objet.

En effet, l’ex-président Lula est déjà mis en examen dans trois autres affaires liées au scandale de corruption dit « Lava Jato » (lavage express), impliquant la compagnie pétrolière Petrobras.

Pour le moment, Saab n’a pas réagi à l’accusation de favoritisme portée à l’encontre de Lula, si ce n’est que ses représentants au Brésil attendaient d’en savoir plus.

Ce n’est pas la première fois qu’un marché remporté par Saab fait l’objet de soupçons. Cela a déjà été le cas en Afrique du Sud, en République tchèque et en Hongrie.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]