Amiral Prazuck : En envoyant des sous-marins près des côtes françaises, Moscou « affirme sa puissance »

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Ce 5 décembre, le chef d’état-major de la Marine nationale (CEMM), l’amiral Christophe Prazuck, est revenu sur les propos récemment tenus par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, selon qui les incursions de sous-marins russes dans le golfe de Gascogne défiaient « nos capacité de patrouille maritime ».

Ainsi, pour l’amiral Prazuck, ces incursions sont de la même nature que les vols des bombardiers stratégiques russes près de l’espace aérien des pays de l’Otan (dont la France).

« De la même manière qu’ils mènent des vols à long rayon d’action qui viennent longer nos côtes et dire: ‘Nous sommes là, nous sommes une puissance européenne, et mondiale’, ils font la même chose sous la mer », a en effet expliqué le CEMM. Est-ce à dire que les sous-marins russes tiennent à faire connaître leur présence?

« En matière de lutte anti sous-marine, la France a un niveau exceptionnel », a assuré l’amiral Prazuck. Notamment avec les frégates multimissions (FREMM), dont les performances « nous donnent un avantage face à la prolifération de sous-marins ». Et d’ajouter : « Nous avons absolument besoin de ces systèmes. »

Sauf que le nombre de FREMM appelées à être mises en service au sein de la Marine nationale n’a cessé de dégringoler au cours des dernières Lois de programmation militaire (LPM). Désormais, 8 navires de ce type seront en dotation, la cible des 15 frégates de premier rang, affirmée par le dernier Livre blanc sur la Défense, devant être atteinte grâce à la commande de 5 frégates de taille intermédiaire (FTI). Cela étant, ces bâtiment auront des capacités de lutte anti-sous-marine robustes.

Cependant, les capacités actuelles de la Marine nationale « capacités permettent de surveiller certaines zones précises, comme par exemple les abords du groupe aéro-naval comprenant le porte-avions Charles-de-Gaulle quand il est déployé, mais il n’est pas possible de surveiller en permanence l’ensemble des côtes françaises et des lieux stratégiques« , a expliqué l’amiral Prazuck, selon le compte-rendu de ses propos diffusé par l’AFP.

« Interdire à un sous-marin d’approcher à proximité d’un porte-avion, nettoyer une zone, être sûr que dans une zone il n’y aura personne ou que si quelqu’un rentre dans une zone on l’aura détecté, on peut l’obtenir », a-t-il continué. « Mais assurer qu’on entendra tout ce qui se passe de la Patagonie au Groenland, ça on ne peut pas », a-t-il souligné.

S’agissant de la puissance navale russe, le CEMM estime qu’elle « se développe de façon manifeste », avec des « sous-marins extrêmement performants ». Et d’ajouter : « Ils [les Russes, ndlr] ont des modèles Kilo en mer Noire, une demi-douzaine, et dans l’Atlantique ils ont des SNA [sous-marins nucléaires d’attaque, ndlr], qui sont très performants. »

« Ce sont des capacités militaires de tout premier plan, qu’ils emploient toujours de manière très réfléchie et contrastée : il y a des domaines dans lesquels ils sont puissants et où ils peuvent avoir des postures un peu compétitives », a estimé l’amiral Prazuck.

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