Syrie : La coalition anti-jihadiste reconnaît avoir bombardé par erreur les forces syriennes à Deir ez-Zor

a10-20160114

Le 17 septembre dernier, un raid aérien de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis fit environ 90 tués dans les rangs des forces gouvernementales syriennes, près de Deir ez-Zor, ville disputée par l’État islamique (EI ou Daesh).

Aussitôt, Damas évoqua une « frappe intentionnelle » tandis que Moscou promettait de porter l’affaire devant le Conseil de sécurité des Nations unies. De son côté, la coalition internationale exprima ses « regrets » et annonça l’ouverture d’une enquête, dont les résultats préliminaires ont été donnés le 29 novembre par le général américain Richard Coe.

Ainsi, comme cela avait déjà été avancé, ce raid de la coalition a impliqué des F-16, F/A-18 et A-10 américains, australiens, britanniques et danois. Leur mission était de neutraliser un groupe de combattants, alors identifiés comme jihadistes. Le bombardement a été stoppé en catastrophe après un appel des forces russes informant de la méprise.

Cette dernière a été causée, comme souvent en pareil cas, par un « enchaînement de circonstances » et de « facteurs humains ». Tout a commencé quand des analystes du renseignement ont identifié, à tort, un véhicule semblant appartenir à Daesh sur des images obtenues par un drone.

Ce véhicule, a expliqué le général Coe, a rejoint des troupes qui ne portaient « ni uniforme, ni insignes ». En clair, vu du ciel, rien ne distinguait ces forces régulières syriennes (qui doivent porter des signes distinctifs) des combattants de l’EI…

En outre, aucun analyste n’a songé à remettre en cause l’estimation initiale. D’où la méprise. Aussi, le général Coe a évoqué un « défaut de confirmation ». Cependant, a-t-il expliqué, l’identification d’une cible est un « processus extrêmement complexe, qui associe de nombreux analystes et responsables de la coalition travaillant en différents endroits du monde ».

Qui plus est, le raid a été d’autant plus meurtrier qu’il a fallu « 27 minutes » pour mettre en relation l’officier russe ayant prévenu de la méprise avec son interlocuteur américain. « Nous n’avons pas été à la hauteur des exigences qui sont les nôtres » en matière de définition de cibles, a commenté le général Jeff Harrigian, le patron des forces aériennes de la coalition.

Le Pentagone a annoncé son intention de revoir ses procédures pour identifier les cibles potentielles, notamment en recommandant aux analystes de croiser davantage leurs informations. Pour le général Coe, une piste consisterait à faire tenir à un analyste le rôle de « l’avocat du diable », c’est à dire qu’il serait chargé de trouver les failles – s’il y en a – d’une décision avant sa mise en application. Dans le cas de Deir ez-Zor, il n’est pas certain que cette façon de procéder ait été plus efficace étant donné que les soldats syriens ne portaient pas de signes distinctifs…

Quoi qu’il en soit, au stade où en est l’enquête, le général Coe n’a identifié aucune faute précise chez les analystes et leurs responsables. « Pour moi, c’était des gens qui faisaient de leur mieux pour faire un bon travail », a-t-il déclaré.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]