Le renseignement allemand met en garde contre les cyberattaques russes

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Pressenti pour occuper les fonctions de directeur national du renseignement (DNI) dans la prochaine administration Trump, l’amiral Michael Rogers, l’actuel patron de la National Security Agency (NSA) et de l’US Cyber Command, a affirmé, le 14 novembre, qu’une puissance étrangère (qu’il n’a pas nommée) avait cherché à influencer l’élection présidentielle américaine. L’officier répondait alors à une question qui lui était posée sur la diffusion, par WikiLeaks, de 20.000 emails internes du comité national du Parti démocrate.

Plus tôt, James Clapper, l’actuel DNI, avait été plus direct en accusant la Russie d’être derrière ce piratage informatique. Et le fait de l’avoir dénoncé aurait permis, selon lui, de « couper court aux cyberreconnaissances observées dans les systèmes électoraux de certains États américains. »

De telles manoeuvres sont-elles à craindre en Europe, où plusieurs scrutins majeurs auront lieu en 2017? Le patron du Bundesnachrichtendienstes (BND, service de renseignement extérieur allemand), Bruno Kahl, les redoute.

« L’Europe est au centre de ces tentatives de déstabilisation et l’Allemagne tout particulièrement », a-t-il confié au quotidien Süddeutsche Zeitung, au lendemain d’une cyberattaque qui a perturbé l’accès à Internet dans le pays, en visant les routeurs de Deutsche Telekom, le principal opérateur allemand.

Selon l’Office fédéral de la sécurité informatique, cette cyberattaque, qui a aussi eu des effets sur les réseaux gouvernementaux, a pu être contrée grâce à des « mesures de protection ». Le logiciel malveillant était mal programmé, il n’a pas fait ce pour quoi il était conçu, sinon les conséquences auraient pu être beaucoup plus graves », a précisé un porte-parole de Deutsche Telekom.

Quoi qu’il en soit, pour le chef du BND, il y a des « indications selon lesquelles des cyberattaques se produisent dans le seul but de créer de l’incertitude politique ». Et d’ajouter : C’est une « forme de pression est exercée sur le débat public et sur la démocratie qui n’est pas tolérable. »

S »il est « par définition difficile de pouvoir attribuer (ces actes) à un acteur étatique mais divers éléments indiquent qu’ils sont au moins tolérés ou souhaités par un État », a estimé M. Kahl, après avoir parlé « d’éléments » désignant la Russie.

Et il est vrai qu’il y a de quoi se poser des questions. Ainsi, le 24 novembre, lors de la visite à Bruxelles du président ukrainien, Petro Porochenko, pour un sommet UE-Ukraine, la Commission européenne a été victime d’une cyberattaque ayant consisté à saturer ses connexions Internet.

« La commission a pris des contre-mesures efficaces et il n’y a pas eu d’interruption de service, bien que les vitesses de connexion ont été affectées pendant un certain temps. Et aucune intrusion n’a été constatée », a expliqué Margaritis Schinas, une porte-parole de l’exécutif bruxellois.

Par ailleurs, ce 29 novembre, la chancelière allemande, Angela Merkel, a également évoqué la cyberattaque contre Deutsche Telekom. Si elle s’est gardé d’accuser la Russie, elle a cependant estimé que ce type d’action, « les conflits hybrides, selon le terme employé par la doctrine (officielle) de la Russie, appartiennent désormais au quotidien et nous devons apprendre à y répondre. »

« Nous devons pour cela informer les gens, et continuer d’exprimer très clairement nos convictions politiques, on ne doit pas se laisser intimider. On doit savoir que cela existe, et apprendre à fonctionner avec », a affirmé Mme Merkel.

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