L’armurier allemand Heckler & Koch ne veut plus de la Turquie parmi ses clients

hk416-20160912

D’une manière générale, l’Allemagne suit des principes stricts en matière de vente d’armes, même si, pendant un temps, la tentation fut grande de s’en affranchir. Ainsi, Berlin s’interdit d’exporter du matériel militaire à destination de pays qui ne respectent pas les droits de l’Homme ou qui sont en proie à l’instabilité. Là-dessus, le ministre allemand de l’Économie, Sigmar Gabriel, s’est toujours voulu intraitable. Du moins en théorie…

Car la réalité est un peu différente. Et cela dépend des équipements militaires qui sont vendus… Ainsi, au cours du premier semestre 2016, les exportations d’armes allemandes ont augmenté de 500 millions d’euros par rapport à la même période l’année dernière, pour atteindre les 4 milliards (soit +13%), avec, pour principaux clients, la Turquie et l’Arabie Saoudite…

« Sous la surveillance du vice-chancelier [Sigmar Gabriel, ndlr], les exportations d’armes légères ont en effet chuté, mais ses détracteurs l’accusent quand même d’autoriser la vente à des pays en crise comme l’Arabie saoudite et d’accroitre en réalité le nombre total d’accords sur les armes », a ainsi commenté le réseau de médias paneuropéen Euractiv.

En parlant d’armes légères, l’armurier Hecker & Koch, auprès duquel le ministère français de la Défense vient de passer une grosse commande pour remplacer les FAMAS, a décidé de ne plus vendre à n’importe qui afin de garder une bonne réputation.

Ainsi, d’après des fuites relayées par la Deutsche Presse-Agentur – et non démenties par la direction – Heckler & Koch ne veut vendre ses produits qu’à des pays « démocratiques » et « non-corrompus » ainsi qu’aux membres de l’Otan… à l’exception de la Turquie.

Si les responsables politiques prennent des pincettes quand il s’agit d’évoquer la Turquie, la direction de l’industriel allemand ne s’embarrasse visiblement pas de considérations diplomatiques à l’égard d’Ankara.

Cela étant, le secrétaire d’État américain, John Kerry, avait laissé entendre qu’une exclusion de la Turquie de l’Otan pouvait être envisagée à cause des purges menées par les autorités turques au lendemaine d’une tentative ratée de coup d’État. « L’Otan a également des exigences en termes de démocraties », avait-il rappelé…

La Turquie ne serait pas le seul pays à figurer sur la « liste noire » de l’armurier allemand : l’Arabie Saoudite, l’Inde, le Brésil et le Mexique font aussi partie du lot. Cependant, les contrats passés continueront d’être honorés. Mais ces pays ne pourront plus passer de nouvelles commandes à l’avenir.

Le problème est toutefois différent pour l’Arabie Saoudite, qui avait obtenu une licence pour produire le fusil d’assaut G-36. En effet, comme certaines pièces ne peuvent être produites qu’en Allemagne et que les autorisations pour les exporter n’ont pas encore été données, il y a des chances que l’usine saudienne devienne inutile…

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]