Selon M. Le Drian, les forces irakiennes subissent des « pertes significatives » à Mossoul

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L’opération lancée le 17 octobre pour chasser l’État islamique (EI ou Daesh) de Mossoul se déroule conformément se déroule conformément à ce qui avait été arrêté au moment de sa planification. La ville est quasiment encerclée par les différentes forces qui participent à cette offensive majeure.

À l’ouest, les milices chiites du Hachd al-Chaabi (Mobilisation populaire) ont indiqué, le 23 novembre, avoir coupé la voie d’approvisionnement des jihadistes entre Mossoul et Raqqa (autre fief de l’EI en Syrie) et pris le contrôle de l’aérodrome de Tall Afar avec 15e brigade irakienne tandis que les combattants kurdes irakiens (peshmergas) occupent des positions au nord-est. Enfin, les forces irakiennes régulières sont entrées dans la ville et font face à une résistance acharnée de Daesh, qui utilise contre elles des VBIED (véhicules suicides) et des boucliers humains.

A priori, le bilan des pertes subies par les troupes irakiennes, en particulier celles relevant de l’Iraqi Counter Terrorism Service (ICTS), ont augmenté significativement au cours de ces dernières semaines.

Dix jours après le début de cette opération, et s’appuyant sur les données fournies par Bagdad, le général Joseph Votel, le patron de l’US Centcom, le commandement militaire américain pour l’Asie centrale et le Moyen-Orient, avait donné le bilan de 57 soldats irakiens tués et avancé que le nombre de jihadistes « probablement » neutralisés était d’environ 800. Quant aux Peshmergas, ils comptaient 30 morts dans leurs rangs.

Le 16 novembre, lors d’une audition devant les députés de la commission de la Défense visant à faire le point sur les opérations en cours, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a fait état d’un bilan beaucoup plus élevé pour les forces irakiennes, en raison justement de l’âpreté des combats.

« On compte beaucoup de morts de part et d’autre. Daesh a subi des neutralisations importantes, mais l’ICTS enregistre également des pertes significatives », a avancé le ministre, d’autant plus, comme il l’a souligné, « le choix tactique de DaeSh est de combattre, voire de mourir, sur place » car l’EI « préfère un bain de sang plutôt que d’abandonner sa capitale irakienne. »

« La progression sera lente, parce que Daech utilise pied à pied tous les moyens connus de barbarie : kamikazes et boucliers humains. Par ailleurs, la ville est truffée de mines, de pièges et de souterrains. La bataille va donc prendre du temps : même si l’avancée a paru rapide dans les premiers temps, il faudra quelques semaines, voire quelques mois, pour en finir », a ensuite expliqué M. Le Drian.

Plus tard, répondant à une question posée par un député, le ministre a été un peu plus précis en donnant l’ampleur des pertes subies par les forces irakiennes. « Même si les images de télévision montrent parfois un peu d’euphorie, les combats sont très durs : on dénombre plusieurs centaines de morts de chaque côté », a-t-il dit.

Actuellement, et selon le compte-rendu hebdomadaire de l’opération Chammal diffusé par l’État-major des armées (EMA), la progression des forces irakiennes dans Mossoul « marque le pas » étant donné que Daesh « recherche l’imbrication et maintient ses capacités de harcèlement. » En outre, l’organisation jihadiste « dispose toujours d’une liberté de mouvement dans la ville qui lui permet de concentrer ses efforts en particulier à l’Est pour gêner l’Iraqi Counter Terrorism Service (ICTS) qui tente de reprendre une progression méthodique, en nettoyant les zones conquises. »

Par ailleur, M. Le Drian a évoqué l’avenir de la seconde ville d’Irak une fois que Daesh en sera chassé. La question est importante, au vu du nombre d’acteurs impliqués dans cette opérations (forces irakiennes, milices chiites, Peshmergas).

« Le principe général est que l’on ne garde pas ce que l’on conquiert, afin que la gouvernance postérieure se fasse dans le respect de ce qu’est la ville de Mossoul, à dominante sunnite, mais avec des composantes ethniques très diverses : chiite pour une petite part, chrétienne, yézidi ou kurde. Il faut être extrêmement précautionneux dans la façon d’intervenir », a-t-il dit.

La question est « de savoir qui gardera la ville lorsque ses occupants se seront retirés. À Mossoul, ce seront les forces de police irakiennes, formées à cet effet, comme ce fut le cas également à Ramadi », a continué le ministre. « Ensuite, les diplomaties qui sont intervenues, notamment les diplomaties française et américaine, ont convenu […] que sera constitué une gouvernance de l’ensemble de la région de Ninive qui permettra d’assurer le respect des différentes communautés. Jusqu’à présent, je n’ai aucune raison de mettre en doute le processus », a-t-il ajouté.

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