Le ministre de la Défense veut relancer la production française de corps de bombes pour l’armée de l’Air

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En deux ans, les avions engagés par l’armée de l’Air contre l’État islamique (EI ou Daesh) dans le cadre de l’opération Chammal ont utilisé plus de 1.600 bombes et missiles [SCALP, ndlr], ce qui, pour le député (LR) Christophe Guilloteau, relève d’un « rythme et d’une intensité de frappe inédits. » En outre, il faut ajouter à ce total les raids effectués par les Rafale M et les Super Étendard Modernisés (SEM) de la Marine nationale.

Pour autant, les munitions n’ont jamais manqué aux aviateurs. Comme l’a récemment expliqué, le général Jean Rondel, sous-chef activité de l’état-major de l’armée de l’Air, des « mesures sur les corps des bombes ont été prises dès le début de l’année 2015, en faisant appel à un certain nombre d’alliés occidentaux », ce qui a permis d’éviter de « descendre à des niveaux trop bas de stocks ».

« Puis, a continué le général Rondel, nous avons effectué des achats à l’étranger, aux États-Unis, puisque nous n’avons plus de capacités de production en France. Nous avons ainsi corrigé un niveau de stocks qui nous paraissait trop bas. »

La capacité de production évoquée par le général Rondel était assurée, jusqu’en 2011, par la Société des Ateliers Mécanique de Pont-sur-Sambre (SAMP). Quelques mois plus tôt, cette dernière avait eu le temps d’honorer une dernière commande de 1.200 bombes Mk82, passée deux ans plus tôt par le ministère de la Défense, dans le cadre du plan gouvernemental de relance de l’économie.

Mais après le dernier corps de bombe livré, le ministre de la Défense de l’époque, Hervé Morin, s’était refusé à passer une nouvelle commande. « Les armées françaises ne sont pas un système pour subventionner des munitions dont les militaires n’ont pas besoin », dira-t-il plus tard. D’autant plus que, selon lui, le contrat des 1.200 bombes qui venait d’être honoré ne correspondait pas à un « besoin avéré ». Puis, il y eut les opérations Harmattan en Libye, suivie de Serval au Mali et Chammal au Levant…

Quoi qu’il en soit, la SAMP existe toujours, mais avec une activité réduite qui se limite à un bureau d’études animé par 12 salariés…

Cela étant, lors de sa dernière audition devant les sénateurs, le général André Lanata, le chef d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA), a laissé entendre qu’il serait souhaitable que la France puisse disposer à nouveau d’une capacité de production de corps de bombes. « pour soutenir un effort de guerre, il faut une industrie de guerre », a-t-il en effet plaidé.

Et cette question a été posée au ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, lors du vote des crédits de la mission Défense, ce 10 novembre, à l’Assemblée nationale. « Sur les corps de bombes, nous sommes (…) à l’initiative pour reprendre les capacités [de la SAMP] par des industriels français, qui pourraient du même coup valoriser l’acquis historique de cette entreprise et en même temps se positionner sur un marché national essentiel pour notre autonomie stratégique et aussi pour l’exportation éventuellement », a-t-il répondu.

« J’espère pouvoir aboutir », a ajouté M. Le Drian, avant d’évoquer des « discussions très intenses ». Et d’insister : « J’y contribue personnellement beaucoup ».

Visiblement, la tendance va à rebours des certitudes avancées il y a quelques années. Car, outre la production des corps de bombe, M. Le Drian a aussi plaidé pour que la France soit en mesure de fabriquer elle-même les munitions de petit calibre, alors que cette activité était considérée, il y a encore peu, comme étant économiquement peu viable et pas assez « stratégique ».

Lors de son passage devant les députés de la commission de la Défense, M. Le Drian avait dit souhaiter relancer la production de munitions de petit calibre en France d’ici la fin du quinquennat. Et, apparemment, le dossier avance.

« Sur les petites munitions, il est anormal que nous n’ayons pas sur le territoire national des entreprises susceptibles de nous (les) fournir alors que, d’un autre côté, nous sommes numéro un dans le monde pour la production de cartouches de chasse », a commencé par rappeler le ministre. « Je suis en train d’essayer de régler cette contradiction. J’espère pouvoir aboutir. Je ne peux pas décliner publiquement où on en est sur les négociations mais c’est un sujet que j’ai pris vraiment à bras-le-corps », a-t-il assuré.

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