Un « problème de qualité du travail » retarde la livraison du premier sous-marin nucléaire d’attaque Barracuda

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Les plans se déroulement rarement sans accroc. Et cela ne sera pas démenti par le programme des sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) Barracuda, dont le premier exemplaire, le Suffren, devait être initialement livré à la Marine nationale en 2017, afin de pouvoir retirer du service le SNA Rubis, actif depuis 1983.

En effet, les sous-marins de type Barracuda doivent remplacer les 6 SNA de la classe Rubis d’ici 2028, pour un montant total de 7,9 milliards d’euros. Plus imposants que leurs prédécesseurs, ils seront mis en oeuvre par un équipage de 60 sous-mariniers et dotés du même système de combat (SYCOBS) que les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE). En outre, ils seront en mesure d’embarquer davantage de munitions (torpilles lourdes F-21, Exocet, missile de croisière naval) ainsi que des nageurs de combat.

En janvier 2015, alors que ses comptes étaient dans le rouge, le constructeur naval DCNS avait fait état d’une « augmentation des coûts de terminaison » sur le programme Barracuda, alors que les essais en mer de la tête de série étaient prévus pour l’année suivante. Et d’ajouter : « Ces développements conduisent DCNS, d’une manière générale, à retenir une approche plus prudente sur ce type de programme. »

Puis, les documents budgétaires diffusés par le ministère de l’Économie et des Finances en octobre 2017 ont indiqué que le Suffren serait finalement livré en 2019, soit avec deux ans de retard. Non pas à cause d’un manque de financement mais en raison d’un « retard industriel ». Pour rappel, les SNA Barracuda sont construits sur le site de DCNS à Cherbourg, avec le concours d’AREVA-TA pour la partie nucléaire.

Lors de son audition par les sénateurs de la commission des Affaires étrangères et des Forces armées, Laurent Collet-Billon, le délégué général pour l’armement (DGA) a donné quelques précisions (succintes).

Tout d’abord, a estimé le DGA, la livraison du premier SNA de type Barracuda, désormais prévue pour 2019, est « trop tardive » étant donné que ce « retard de 2 ans pourrait en effet mener à une rupture temporaire de capacité si un sous-marin de moins était disponible. »

« Des actions sont en cours pour déterminer les causes du retard », a encore affirmé M. Collet-Billon, avant d’évoquer un « problème de qualité de travail à laquelle DCNS doit remédier de manière volontariste ».

Et cela d’autant plus que les SNA ont une durée de vie opérationnelle limitée, d’environ 35 ans. Pour le DGA, il est possible de la prolonger un peu au prix « d’adaptations minimes (…) en fonction de l’usure du carburant nucléaire ». Mais, en tout état de cause, « l’arrivée des Barracuda, dans les temps, est très importante, et nous expliquons à DCNS, qui a déjà deux ans de retard pour un problème de qualité du travail, que de nouveaux retards ne sont pas pensables », a-t-il insisté.

Dans son rapport pour avis sur les crédits de la Marine nationale, le député (PS) Gwendal Rouillard a aussi souligné « les potentielles difficultés de la composante sous-marine » causées par ce retard du programme Barracuda.

« La situation des SNA pourrait se dégrader dès le début de l’année 2017 avec le retrait du service actif du Rubis et ce alors que son remplaçant, le Suffren, ne sera livré qu’en 2019 avec deux ans de retard sur le calendrier prévu », écrit-il.

Toutefois, ajoute M. Rouillard, « le Rubis pourrait être maintenu en service quelques années supplémentaires moyennant des opérations permettant de recharger le cœur nucléaire du bâtiment. Une telle solution permettrait dès lors d’assurer de manière plus sereine le passage de relais entre les SNA d’ancienne génération et le premier bâtiment du programme Barracuda. »

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