Un « fonds de défense » pour empêcher le rachat des « pépites » technologiques françaises

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Cet été, alors que la France profitait du beau temps et des vacances, deux informations sont passées relativement inaperçues. La première a concerné l’offre publique d’achat déposée par le groupe japonais d’électronique TDK pour prendre le contrôle de Tronic Microsystems, une PME française spécialiste des systèmes microélectromécaniques (MEMS, pour Micro-Electro-Mechanical Systems) destinés à des applications professionnelles à hautes performances.

Rien d’extraordinaire, pourrait-on penser, tant les opérations financières de ce type sont fréquentes… Sauf que les MEMS de Tronic Microsystems sont utilisés par les systèmes de navigation inertiels, la gestion des signaux de radiofréquence des radars ou bien encore la stabilisation des drones. En clair, son activité intéresse le secteur de la défense.

La seconde information est de même nature. En effet, l’entreprise américaine Implant Sciences Corporation (IMSC), dont le Pentagone est un client, a annoncé la signature d’une lettre d’intention visant à acquérir Zapata Industries, une PME marseillaise connue pour avoir mis au point le Flyboard Air, une sorte de planche de surf pouvant voler à 10.000 pieds d’altitude, à la vitesse de 150 km/h.

Si une application militaire de ce Flyboard Air échappé à beaucoup de monde, ce n’est pas le cas d’IMSC, qui a dû songer au concept d’hélicoptère personnel appelé « HZ-1 Aerocycle » et développé par l’US Army par la société De Lackner, qui l’a finalement abandonné à la fin des années 1950 après deux accidents.

Ces deux exemples illustrent la préoccupation exprimée par Laurent Collet-Billon, le Délégué général pour l’armement (DGA), lors de son audition devant la commission sénatoriale des Affaires étrangères et des Forces armées.

« Beaucoup de groupes chinois et surtout américains viennent convoiter les pépites françaises, attirés par le modèle d’innovation français », a en effet souligné M. Collet-Billon. « En la matière, un travail habile s’impose au niveau européen, qui doit être réalisé par les diplomates, le ministère de l’économie, mais également les parlementaires », a-t-il avancé.

Mais ce ne sera pas encore suffisant. « De plus en plus de sociétés d’autres continents tentent de s’emparer de certaines de nos PME ‘pépites’ et nous n’avons pas d’outil pour les défendre », a déploré le DGA. « D’où la réflexion sur la création d’un fonds de défense pour investir dans le capital de certaines de ces PME », a-t-il annoncé.

Pour créer un tel « fonds de défense », M. Collet-Billon a estimé que « quelques millions d’euros seraient suffisants dans un premier temps, avant une montée en puissance. »

Par ailleurs, le DGA a observé les « mouvements colossaux qui se déroulent aux États-Unis, notamment chez les équipementiers aéronautiques », lesquels, a-t-il dit, « doivent nous interpeler ».

« La grande taille permet d’avoir une meilleure surface pour financer les projets », pense M. Collet-Billon. Mais, selon lui, ce n’est pas forcément un gage de réussite. « Toutes nos entreprises ne doivent pas grossir. Je ne pense pas que Dassault doive changer son modèle, qui est robuste. Les avions qui sortent de Mérignac font l’objet d’un vol d’essai de la DGA pendant une heure et c’est tout! », a-t-il fait valoir.

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