Le général Bosser estime qu’il reste « beaucoup à faire » pour faire évoluer le dispositif de l’opération Sentinelle

 

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Depuis l’attentat de Nice (14 juillet), le dispositif de l’opération intérieure Sentinelle a évolué. En effet, 7.000 soldats sont désormais mobilisés et 3.000 autres constituent une « réserve stratégique », susceptible d’être sollicitée à tout moment avec une préavis d’une semaine au maximum. En outre, les effectifs se partagent entre Paris et la province. Enfin, comme l’a indiqué le général Pierre de Villiers, le chef d’état-major des armées (CEMA), lors de sa dernière audition à l’Assemblée nationale, la posture statique, héritée du plan Vigirate, a été « totalement abandonnée ».

« Désormais, la quasi-totalité de nos forces patrouille en dynamique ce qui rend les missions beaucoup plus intéressantes et efficaces. Dès que nous sommes en statique, nous sommes vulnérables », a expliqué le CEMA aux députés.

« Depuis cet été, les hommes de Sentinelle sont répartis à égalité entre Paris et la province (…). Mesurez le choc qu’a produit ce changement en province, notamment sur les élus, qui veulent tous garder l’opération Sentinelle. De fait, notre dispositif ‘mobilité’ nous a permis de décupler notre efficacité. C’est simple : nous avons envoyé 60 militaires dans un département qui n’en comptait aucun auparavant, et la population a eu l’impression qu’ils étaient 600, tant ils étaient présents partout dans le département », a encore raconté le général de Villiers.

Pour autant, a-t-il prévenu, cette évolution n’est que le « début de la transformation », laquelle doit être « pemanente pour s’adapter à l’adversaire et à ses modes d’action. » Et d’ajouter : « Il nous reste (…) encore du chemin à parcourir en matière de partage d’information avec les forces de sécurité intérieures ; l’utilisation de nos moyens et de notre spécificité militaire peut être optimisée – en particulier dans le domaine de la connaissance de l’ennemi ou de la mise en œuvre du principe de surprise. »

Devant les sénateurs, le général Jean-Pierre Bosser, le chef d’état-major de l’armée de Terre, n’a pas dit autre chose. « Il Il y a encore beaucoup à faire. Je le dis très franchement : nous sommes aujourd’hui très loin de ce que doit être selon moi l’évolution du dispositif », a-t-il estimé.

Certes, la coopération entre les forces armées et les forces de sécurité intérieure (en particulier la police) a été « beaucoup » améliorée mais « nous avons encore beacoup à apprendre », pense le CEMAT. « Un certain nombre de choses se font en marchant et, malheureusement, en réaction aux faits », a-t-il affirmé.

Alors l’opération Sentinelle est plébiscitée par l’opinion (86% des personnes interrogées lors d’un récent sondage en sont satisfaits »), le général Bosser s’interroge : « Nous sommes tous d’accord sur le fait que nous avons besoin d’une force militaire déployée sur le territoire national. À quelle hauteur et pour quoi faire? C’est un second sujet, mais je pense que les Français ne se passeront plus de la présence des soldats sur le territoire. »

Par ailleurs, pour le CEMAT, les gens sont « convaincus que Sentinelle ne les protégera pas d’un attentat mais, en revanche, ils sont convaincus que les militaires auront une capacité de réaction ». Aussi, a-t-il continué, il faut donc « faire évoluer Sentinelle et garder les dix mille intervenants, avec une partie en alerte, une partie déployée et une autre qui s’entraine sur les scénarios de crise tels que le SGDSN [Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale, ndlr] les imagine, et sur lesquels il nous faut encore travailler. »

Ainsi, l’idée avancée par le général Bosser consiste à insister sur l’entraînement des 3.000 soldats de cette « réserve stratégique », capable d’être mobilisée à court préavis. « Les personnes en alerte continuent de s’entraîner. On retrouve ainsi des jours de préparation opérationnelle, et on s’investit dans la préparation des scénarios de crise », a-t-il fait valoir. Et de conclure : « À titre personnel, c’est ainsi que je vois, demain, le positionnement de l’armée de terre sur le territoire national. »

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