M. Le Drian : Nous sommes « vraiment très fâchés » avec le gouvernement polonais

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La rupture des négociations portant sur l’acquisition, par la Pologne, de 50 hélicoptères de manoeuvre H225M Caracal est restée au travers de la gorge de Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense. Et il s’en est longuement expliqué à l’occasion de l’examen des crédits que prévoit d’allouer le projet de loi de finances 2017 aux forces armées en commission élargie, le 2 novembre, à l’Assemblée nationale.

Cette décision du gouvernement polonais est un peu « surprenante » d’autant plus que « le niveau des retours offset qu’avait consenti Airbus Helicopters pour répondre aux attentes exprimées par la Pologne couvrait la totalité du contrat », a rappelé le ministre, avant de souligner que la procédure avait été menée « en toute transparence ». En clair, il s’agit d’une réponse à l’ouverture d’une enquête par le parquet polonais au sujet de cette affaire…

Mais pour M. Le Drian, la décision du gouvernement politique est avant tout un « acte politique » qu’il « faut prendre comme tel » et qui est « pénalisant pour la France mais aussi pour l’Allemagne. »

« Nous avions proposé que la Pologne devienne un des partenaires fondamentaux d’Airbus dans le cadre de ce contrat. Ce ne sera plus le cas. Donc, avec ma collègue allemande [Ursula von der Leyen, ndlr], nous avons décidé de démarches communes auprès du gouvernement polonais pour souligner le mauvais coup porté à l’approche européenne de la défense », a expliqué le ministre, sans plus de précisions.

Cela étant, M. Le Drian a fustigé « la mauvaise manière qui nous est faite », d’autant plus que, deux jours après l’annonce de la rupture des négociations avec Airbus Helicopters, son homologue polonais, Antoni Macierewicz, a passé une commande portant sur 21 hélicoptères « à un concurrent antérieur » [à savoir Sikorsky]. « Mais je ne fais pas de commentaire sur ce point », a-t-il dit.

Plus tard, répondant aux questions des députés, le ministre est revenu à la charge. Et l’heure avancée aidant, il s’en est directement pris M. Macierewicz. « Avec la Pologne, on est vraiment très fâchés parce que ce n’est pas des méthodes », a lâché M. Le Drian.

« C’est encore moins des méthodes quand mon collègue polonais, devant le Parlement polonais, indique que les BPC [Bâtiment de projection et de commandement, ndlr] que nous avons vendus à l’Égypte étaient revendus pour l’euro sympolique à la Russie. Devant le Parlement! Le jour même où, personnellement, j’étais sur l’un de ces BPC livrés à l’֤Égypte avec le ministre de la Défense égyptien, à assister à des manoeuvres en baie d’Alexandrie », s’est emporté – froidement – M. Le Drian. « Voilà, on en est là. Donc la situation est tendue », a-t-il ajouté.

Cela étant, cette brouille avec Varsovie n’aura aucune incidence sur la participation des forces françaises aux mesures de réassurance prises en faveur de la Pologne et des pays baltes par l’Otan après l’annexion de la Crimée.

Cette affaire « ne nous empêchera pas de remplir nos obligations en matière de réassurance. Y compris en mettant des unités blindés en 2017 en Estonie et en 2018 en Lituanie », a assuré M. Le Drian. « Nous sommes corrects en affaire, pour ce qui nous concerne », a-t-il fait valoir.

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