Les problèmes de l’avion de transport A400M exaspèrent M. Le Drian

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Lors de son passage devant les députés de la commission de la Défense, le général André Lanata, le chef d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA) a fait part de ses deux préoccupations au sujet des 10 avions de transport A400M « Atlas » livrés par Airbus.

La première est le faible taux de disponibilité de ces appareils (seulement un serait en état de voler, voire deux) en raison de la « crise des moteurs », pour reprendre l’expression utilisée par le CEMAA. Et cela a des conséquences négatives sur l’entraînement des équipages et les capacités de transport de l’armée de l’Air.

Cette « crise des moteurs » est dû à un problème constaté au niveau des boîtes relais des réducteurs d’hélices (PGB – Propeller Gear Box) des turbopropulseurs TP-400 de l’appareil.

« L’industriel s’est engagé à mettre en place une solution intermédiaire d’ici au printemps 2017. Dans cette attente nous sommes contraints de faire des visites régulières et exténuantes pour le personnel mécanicien, du fait du délai de revisites imposé par les instances de certification », a expliqué le général Lanata. « En effet, les moteurs doivent d’abord être révisés au bout de 60 heures et, ensuite, toutes les 20 heures, ce qui représente seulement l’équivalent d’un aller-retour au Moyen-Orient », a-t-il ajouté.

La solution intermédiaire évoquée par le général Lanata a été validée et certifiée par l’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) en juillet. Mais une solution définitive est encore en cours d’étude.

La seconde préoccupation exprimée par le CEMAA porte sur la transformation de l’A400M « en un avion de combat disposant de véritables capacités tactiques ». Comme il l’a rappelé, Airbus s’est engagé, en 2015, à livrer à l’armée de l’Air, d’ici la fin de cette année, « 6 appareils au premier standard tactique ». Mais, avec le problème lié aux PGB, cet engagement aura probablement du mal à être tenu. « J’attends donc le 31 décembre pour dresser un bilan et j’ai bon espoir que l’industriel tiendra cet objectif », a-t-il dit.

Quoi qu’il en soit, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, est très mécontent de cette situation. Et il n’est pas privé de le faire savoir lors de l’examen des crédits de la mission Défense pour 2017 en commission élargie, le 2 novembre, à l’Assemblée nationale.

« Le problème, c’est l’entreprise », a lancé M. Le Drian. « Il y a une difficulté majeure qui fait qu’aujourd’hui, les A400M livrés ne sont pas ‘opératoires’. Ce n’est pas uniquement le cas en France, c’est le cas partout. J’ai, à cet égard (…) avec les responsables d’Airbus une discussion tonique », a-t-il continué. « J’ai réclamé un plan de rattrapage à la fois sur les capacités de l’appareil et sur le niveau des livraisons. Cette discussion est en cours mais les retards ne sont pas admissibles », a-t-il ajouté.

« L’absence de capacités de largage, d’autoprotection et de possibilité de posé sur des terrains sommaires me préoccupe beaucoup. Nous avons passé un premier accord pour l’année 2016, j’espère qu’il sera tenu », a encore rappelé le ministre.

En tout cas, s’agissant des appareils livrés,  » ça ne marche pas ou ça marche mal », a déploré M. Le Drian, qui a par ailleurs dit attendre les résultats sur les capacités tactiques initiales pour « apprécier la situation ». Et il vaudrait mieux que ces dernières soient satisfaisantes… »J’espère que ça va bien se passer car si ça se passe mal, on sera devant une grave crise », a-t-il averti.

« L’A400M a une longue histoire. Une histoire pénible. Et nous sommes dans unes situation extrêmement préoccupante. Peut-être que ça va marcher. Je le souhaite. Mais si ça ne marche pas, on sera devant une crise lourde », a insisté le ministre, qui a encore justifié la commande de 4 C-130J Hercules auprès des États-Unis par les problèmes que connaît l’avion d’Airbus.

Cela étant, lors de son audition devant les députés, Laurent Collet-Billon, le délégué général pour l’armement (DGA), avait fait preuve d’un optimisme mesuré. « Nous allons sortir d’une situation pénible », avait-il dit, après avoir évoqué la solution transitoire devant régler le problème des boîtes relais des réducteurs d’hélices de l’A400M.

« Cela permettra-t-il à M. Enders [Pdg d’Airbus, ndlr] de respecter son engagement vis-à-vis du ministre à la fin de l’année? Il reste encore deux mois et demi pour le savoir. Nous le souhaitons car cet avion, quand il vole en Afrique, représente un apport tout à fait remarquable. Dernièrement ont eu lieu les premiers posés tactiques sur des terrains non préparés : l’avion s’est révélé bien meilleur sur ces terrains qu’un C-130 », avait affirmé le DGA.

Pour cela, avait-il poursuivi, « il faut que l’industriel trouve les moyens d’assurer la production au rythme prévu dans le contrat, dans des conditions de qualité normales. Or, aujourd’hui, nous ne sommes pas certains que le rythme sera celui qui est attendu. » Et de conclure : « Je pense néanmoins que la situation à la fin de l’année sera moins terrible que celle en début d’année. »

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