La Russie soupçonnée d’acquérir des terres en vue d’une possible déstabilisation de la Finlande

supo-20161103L’information ne vient pas de l’Otan, à laquelle, d’ailleurs, la Finlande n’adhère pas. Et elle est abondamment commentée, ces derniers jours, par la presse finlandaise. Ainsi, la Suojelupoliisi (Police de protection, Supo), dont la mission est de prévenir les menaces susceptibles d’affecter la sécurité du pays, a mis en lumière des transactions immobilières suspectes, dans un rapport qu’elle vient de remettre au Comité d’administration du Parlement finlandais.

Ces ventes ont attiré l’attention de la Supo car les terrains acquis apparemment par des individus ayant la double nationalité (filandaise et russe) ne présentent pas un intérêt économique évident. En revanche, ils seraient idéalement situés pour mener une opération du type de celle menée par la Russie en Crimée.

« Les propriétaires fonciers travaillant pour le compte d’une puissance étrangère peuvent construire des structures sur leurs propriétés qui peuvent être utilisées, par exemple, pour fermer des voies de transport ou accueillir des troupes non identifiées dans le cas d’une crise », explique la Supo dans son rapport, auquel le quotidien Iltalehti a eu accès.

« Fermer des noeuds de communication ne demande pas une grande armée d’invasion. Un petit groupe de forces spéciales, qui peut être logé dans un chalet de chasse, est suffisant », a relevé Charly Salonius-Pasternak, de l’Institut des affaires internationales d’Helsinki.

Le journal Tamperelainen a fait part d’une enquête sur les propriétaires de parcelles acquises récemment près de l’aéroport de Pirkkala. Mais d’après une enquête d’Italehti, les actifs détenus par des propriétaires russes seraient situés près de bases aériennes et navales ou encore de stations radars.

Quoi qu’il en soit, le ministre finlandais de la Défense, Jussi Niinistö, a dit « partager les préoccupations exprimées par la SUPO ». Le fait est car un groupe de travail a été mis en place pour examiner de près cette situation.

« Nous travaillons actuellement sur la base des travaux du Comité de sécurité sous la direction du ministère de la Défense pour une étude plus approfondie. Ce groupe de travail compte des représentants de l’état-major général, du ministère de la Justice, du ministère de l’Emploi et de l’Économie et du ministère de l’Agriculture et des Forêts », a confié le ministre à Italehti.

Ce rapport de la Supo a été diffusé alors que, il y a trois semaines, Markku Mantil, le directeur des communications du gouvernement finlandais, a dénoncé les menées subversives russes dans son pays.

« Nous croyons que cette influence agressive de la Russie vise à créer la méfiance entre les dirigeants et les citoyens, à rendre les citoyens méfiants à propos de l’Union européenne et à dissuader la Finlande d’adhérer à l’Otan », a-t-il expliqué à Reuters. En outre, l’on s’inquiéte, à Helsinki, d’entendre certains voix à Moscou s’interroger au sujet de la légalité de l’indépendance finlandaise, obtenue en 1917 après la révolution bolchévique.

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