Le président Erdogan confirme une extension des opérations militaires turques en Syrie

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Une offensive pour chasser l’État islamique (EI ou Daesh) de son bastion de Raqqa, en Syrie, devrait commencer « dans les prochaines semaines », selon Ashton Carter, le secrétaire américain à la Défense. Reste à savoir avec qui. Et c’est là toute la difficulté.

Pour l’opération lancée le 17 octobre pour reprendre Mossoul à Daesh, les choses sont simples : la coalition internationale, dirigée par les États-Unis, appuie, par des frappes aériennes et des tirs d’artillerie, la progression des forces irakiennes, combattants kurdes compris.

Pour Raqqa, en revanche, les données du problème sont totalement différentes : la coalition ne peut pas appuyer les forces gouvernementales syriennes. Jusqu’à présent, la solution passe par un soutien accru aux Forces démocratiques syriennes (FDS), composées des milices kurdes syriennes (YPG) et de plusieurs groupes arabes armés.

Seulement, la Turquie, qui a lancé, en août, l’opération Bouclier de l’Euphrate, avec des groupes rebelles syriens qu’elle soutient, refuse catégoriquement une telle perspective en raison des liens des YPG avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation considérée comme terroriste à Ankara.

D’où la déclaration faite le 26 octobre à Bruxelles par le chef du Pentagone. « Nous essayons d’arriver à un point ou nous pouvons travaillons de manière extensive (…) avec les forces turques en Syrie », a-t-il dit. « L’appui des forces turques à des groupes rebelles a déjà permis récemment la reconquête de la ville symbole de Dabiq, en Syrie. […] Donc nous allons chercher d’autres opportunités [de coopération avec les forces turques, ndlr], y compris plus loin en Syrie, et en incluant Raqqa », a-t-il continué. Et d’ajouter : « Cela a fait partie de nos discussions. » Au passage, les Kurdes syriens apprécieront…

Ce 27 octobre, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a précisé ses intentions. Il y a quelques jours, il avait affirmé que le prochain objectif de l’opération « Bouclier de l’Euphrate » allait être la ville d’Al-Bab, qui a servi de base de repli aux jihadistes chassés de Jarabulus en août. Mais tel n’est pas le seul but poursuivi par Ankara.

« Après cela, nous allons avancer vers Manbij et vers Raqqa », a en effet déclaré M. Erdogan.

Or, la localité de Manbij a été conquise par les FDS à l’issue de durs combats en août. Et c’est sans doute ce succès militaire obtenu contre l’EI qui explique – du moins en partie – le lancement de l’opération turque dans le nord de la Syrie, l’idée que les Kurdes syriens puissent faire une jonction entre les territoires qu’ils contrôlent étant inacceptable pour les autorités turques.

Et, bien évidemment, il est absolument hors de question pour Ankara que les milices kurdes puissent prendre part à l’offensive visant à chasser l’EI de Raqqa.

« Nous n’avons pas besoin de groupes terroristes comme le PYD [parti kurde syrien] ou les YPG […] Venez, expulsons ensemble Daesh de Raqqa. Nous pouvons le faire ensemble, nous en avons la capacité », a ainsi insisté M. Erdogan.

Cela signifie que l’armée turque devra accroître son engagement militaire en Syrie, en y déployant des milliers de soldats, ne serait-ce que « tenir » les zones conquises.

Mais, outre la Syrie, M. Erdogan a aussi des vues en Irak. Et il a laissé entendre que l’armée turque pourrait aussi intervenir dans la région de Sinjar, où les combattants du PKK pourraient se replier. Du moins, c’est ce que redoute Ankara.

« Sinjar est en train de devenir un nouveau Qandil », a lancé M. Erdogan, en faisant allusion à une région montagneuse irakienne qui sert de base de repli au PKK. « Nous ne le permettrons pas », a-t-il ajouté. Pour rappel, en Irak, l’armée turque compte environ 2.000 soldats sur la base de Bachiqa, dans la région de Mossoul.

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