Le chef d’état-major de la Marine insiste pour accélérer le renouvellement des patrouilleurs

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Certes, le renouvellement des moyens de surveillance du domaine maritime français (zone économique exclusive, ZEE), le deuxième au monde, a été amorcé avec la livraison de 2 Bâtiments multimissions (B2M) sur les 4 commandés pour remplacer les BATRAL (BÂtiment de TRAnsport Léger) et 2 patrouilleurs légers guyanais (PLG, ou classe La Confiance) sont attendus à Dégrad des Cannes. Mais c’est évidemment encore insuffisant…

Pourtant, le besoin de renouveler certains patrouilleurs, comme les P400, et les avisos A-29 a été exprimé depuis longtemps. Le programme BATSIMAR (bâtiment de surveillance et d’intervention unique) aurait ainsi dû être lancé à cette fin en 2012. Seulement, cela n’a pas été le cas.

Et la Loi de programmation militaire (LPM) en cours, même après son actualisation, l’a de nouveau reporté, la commande de frégates de taille intermédiaire (FTI) ayant jugé prioritaire afin de remplacer non pas les 6 frégates de surveillance en service depuis 1992 mais les frégates légères furtives (FLF) de la classe La Fayette.

Ainsi, le premier navire du programme BATSIMAR est désormais attendu en 2024. Or, comme l’indiquait, en mai 2015, l’amiral Bernard Rogel, alors chef d’état-major de la Marine nationale (CEMM), la rupture de capacité outre-mer sera « supérieure de 50 par rapport à la situation actuelle » d’ici 2020. « Je continue à soutenir qu’il est indispensable de voir arriver les BATSIMAR au plus vite dans les forces. (…) Il ne s’agit pas de volumes financiers considérables, mais ces bâtiments sont indispensables à la surveillance de la zone économique exclusive », avait-il dit.

Le successeur de l’amiral Rogel à la tête de la Marine, l’amiral Christophe Prazuck, a lui aussi insisté sur la nécessité d’accélérer la mise en oeuvre du programme BATSIMAR, lors de sa première audition devant les députés de la commission de la Défense.

« Je suis particulièrement attentif en la matière au comportement de nos pétroliers-ravitailleurs, qui commencent à être très âgés, mais également à nos patrouilleurs, censés être remplacés avec le programme des bâtiments d’intervention et de surveillance maritime (BATSIMAR). Ma vigilance reste grande sur ces moyens, qui sont tout à fait essentiels pour la surveillance et la protection de nos ZEE », a commencé par dire l’amiral Prazuck.

« En ce qui concerne la surveillance de nos espaces maritimes, le Livre blanc prévoit que les premières livraisons du programme BATSIMAR s’effectueront à partir de 2023-2024. Or, le suivi technique des bâtiments en service fait en effet craindre que certaines de nos capacités soient temporairement hors service. (…) Il est essentiel que nous accélérions la cadence », a encore estimé le CEMM, pour qui, « au vu de l’usure » des patroulleurs, une « livraison en 2021 » semble « une date convenable pour pouvoir garantir l’exercice de notre souveraineté dans nos zones économiques. »

Pour l’amiral Prazuck, il n’est pas non plus question de revoir le format global « d’une frégate, un B2M et deux patrouilleurs par département ou territoire d’outre-mer ». Si la surveillance du domaine maritime peut être assurée par de nouveaux outils, comme le système satellitaire Trimaran, il n’en reste pas moins qu’il faut en effet des moyens d’intervention.

« Le radar d’un bateau couvre un département français : il permet de voir 20 nautiques sur bâbord et 20 sur tribord, ce qui correspond à un cercle de 100 kilomètres de diamètre environ. Or la zone économique exclusive française s’étend sur 11 millions de kilomètres carrés : nous ne pourrons jamais déployer assez de bateaux pour la couvrir. Nous avons donc besoin de moyens mobiles. Voilà pourquoi nos patrouilleurs doivent être suffisamment rapides », a expliqué le CEMM.

En outre, il a aussi estimé qu’une réflexion est nécessaire sur « l’emploi des drones » ainsi que sur le « renouvellement des avions de surveillance maritime, moins complexes que les Atlantique – par exemple les Falcon ou les Gardian dans l’océan Pacifique – et qui permettent une fauchée très large, ainsi qu’à des moyens satellitaires comme Trimaran. »

En 2008, dans une réponse écrite adressée aux sénateurs François Trucy, Jean-Pierre Masseret et Charles Guené , le ministère de la Défense avait indiqué que, dans le cadre du programme BATSIMAR, la Marine voulait un patrouilleur « de haute mer, endurant et autonome , capable d’une vitesse de transit suffisante, apte à accueillir des commandos et à mettre en oeuvre les moyens habituels d’intervention (hélicoptère ou drone) » et que, pour satisfaire ces exigences, il fallait un bâtiment d’environ « 1.000 tonnes », équipé « d’un système d’armes peu sophistiqué, réduit à un canon de petit calibre et d’un système de détection simplifié ce qui baissera sérieusement son coût d’acquisition. »

Lors de son audition, l’amiral Prazuck n’a pas été aussi précis. « le premier système de combat d’un patrouilleur, c’est son pavillon français. Celui-ci montre l’exercice par la France de sa souveraineté dans ces zones, mais rappelle aussi la présence derrière le patrouilleur de toute une flotte (…) qui exerce avec lui cette souveraineté », a-t-il expliqué. Aussi, les « patrouilleurs n’ont donc pas besoin d’être très sophistiqués : il suffit qu’ils permettent de voir le mieux possible, qu’ils soient endurants, qu’ils restent longtemps à la mer, qu’ils soient assez rapides pour attraper les contrevenants et qu’ils aient les moyens d’effectuer des tirs de semonce », a-t-il ajouté.

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