La Turquie sera absente de la prochaine réunion des ministres de la Défense de la coalition anti-EI

f16turc-20150724

L’état-major turc a indiqué, le 22 octobre, avoir mené, pour la seconde fois en deux jours, des frappes contre 70 positions tenues par les Unités de protection du peuple kurde (YPG), branche armée du parti kurde syrien PYD, lié au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé parmi les organisations terroristes et à l’origine d’une rébellion sanglante en Turquie.

Le souci est que les YPG font partie des Forces démocratiques syriennes (FDS), qui, comptant également des groupes arabes armés, est soutenue par la coalition internationale anti-État islamique (EI ou Daesh), dirigée par les États-Unis.

Or, cette annonce au sujet de cette seconde série de frappes contre les YPG a été faite alors que le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, effectuait une visite à Ankara. Au cours de cette dernière, le chef du Pentagone a estimé que la Turquie devrait jouer un rôle pour chasser l’EI de Mossoul, en Irak.

Depuis août, et alors que les FDS venaient de remporter un important succès militaire face à l’EI à Manbij, grâce au soutien aérien de la coalition, la Turquie a lancé l’opération « Bouclier de l’Euphrate » avec des groupes rebelles syriens qu’elle soutient. Et cela avec deux objectifs : sécuriser sa frontière en y chassant Daesh et empêcher que les YPG de faire la jonction entre les secteurs d’Afrin, de Kobané et de Djazira qu’elles contrôlent.

Seulement, cette intervention turque dans le nord de la Syrie va compliquer les opérations visant à chasser l’EI de son bastion de Raqqa, qui est, avec la reconquête de Mossoul, un objectif prioritaire pour la coalition, qui, pour cela, comptait sur les FDS, et donc les milices kurdes syriennes.

Par ailleurs, la Turquie est également présente militairement en Irak, précisément à Bachika, au nord-est de Mossoul. Son détachement a ainsi contribué à la formation et à l’entraînement de la « Garde de Ninive », une formation d’au maximum 2.000 combattants sunnites, commandés par Atheel Nujaifi, qui n’est autre que l’ancien gouverneur de Mossoul, à qui Bagdad reproche d’avoir facilité la progression des jihadistes dans sa province. D’ailleurs, un mandat d’arrêt a été émis contre lui par la justice irakienne.

Pour Ankara, il n’est pas question de voir des milices chiites irakiennes entrer dans Mossoul, qui, pour le président turc, Recep Tayyip Erdogan, doit être libérée « uniquement par ceux qui ont des liens ethniques et religieux avec la ville ».

L’implication – ou l’interférence – de la Turquie tant en Syrie qu’en Irak complique les plans de la coalition anti-Daesh, à laquelle elle fait pourtant partie. Ces derniers seront évoqués lors d’une réunion qui doit se tenir à Paris, le 25 octobre.

Or, dans la liste des ministres de la Défense des pays de la coalition conviés à cette réunion, celui de la Turquie, Fikri Işık, n’y figure pas. Faut-il y voir, malgré son appartenance à l’Otan, de la défiance à l’égard d’Ankara quand il s’agit d’évoquer les opérations militaires? (ou bien le gouvernement turc a-t-il refusé d’y participer?). D’autant plus que, le 20 octobre, à Paris, la diplomatie turque a pris part à une réunion « pour la stabilisation de Mossoul ».

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]