Le chef d’état-major de l’armée de Terre n’est pas chaud à l’idée d’étendre le service militaire volontaire

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Nombreux sont les candidats à l’élection présidentielle qui souhaitent le retour d’un service militaire (et civique) obligatoire, toutefois sous une forme différente par rapport à celle qui existait avant la suspension de la conscription en 2001.

D’autres, sans grande conviction cependant, proposent d’étendre le service militaire volontaire (SMV). Plus précis, Nicolas Sarkozy, qui aspire à retrouver l’Élysée, voudrait que les « décrocheurs », c’est à dire les 100.000 jeunes qui quittent le système éducatif sans le moindre diplôme en poche, aillent obligatoirement sous les drapeaux.

Pour rappel, le SMV, inspiré du Service militaire adapté, en vigueur dans les départements et territoires d’outre-Mer depuis les années 1960, et lancé à titre expérimental en 2015, vise à permettre à des jeunes sans qualification de s’insérer sur le marché du travail, après avoir reçu une formation professionnelle dans un environnement militaire. Actuellement, trois centres du SMV ont été ouverts et un quatrième, à Chalons en Champagne, doit l’être en janvier prochain.

Cela étant, le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), le général Jean-Pierre Bosser, ne semble pas très chaud à l’idée d’étendre davantage le SMV, et encore moins avec les propositions visant à rétablir une nouvelle forme de service militaire.

Ainsi, interrogé sur le service national, le CEMAT a estimé qu’il s’agit avant tout d’un « sujet politique », avant d’estimer qu’une « industrialisationdu SMV » ne serait pas pertinente.

« Nous avons la capacité de faire beaucoup, avec le SMA et le SMV : on fait rentrer des garçons et des filles, et ils sortent avec un emploi. Je veux bien augmenter les volumes du SMV de 1 000, de 10 000, de 20 000, mais je rappelle que le but du SMV est de réussir le retour à l’emploi. Aujourd’hui, il permet 72 ou 73 % de retour à l’emploi, ce qui est un beau résultat. Mais je ne suis pas certain qu’en industrialisant le SMV, le résultat soit aussi satisfaisant », a en effet affirmé le général Bosser, lors d’une audition à l’Assemblée nationale.

Pour lui, aller plus loin dans cette voie impliquerait évidemment un « changement d’armée ». « Si nous prenons demain un virage consistant à rétablir un service militaire obligatoire, ou un service militaire où l’on s’occupe des décrocheurs pris en masse, ce ne sera pas la même armée, clairement. Ce sera autre chose », a expliqué le CEMAT aux députés.

Et cela pour une raison simple : pour 1.000 jeunes incorporés au titre du SMV, il faut 250 cadres militaires. « C’est le volume de cadres d’un régiment », a précisé le général Bosser. Par conséquent, pour 100.000 incorporés, on atteint « l’armée de terre au complet », a-t-il souligné.

« Donc, ce n’est plus une armée de Terre qui fait la guerre, c’est une armée de Terre qui ne fait plus que de la cohésion sociale. C’est un choix politique. Je sais faire. À partir de là, quelle armée veut-on ? Où met-on le curseur? », a ajouté le CEMAT.

En outre, il faut aussi tenir compte de la notion de « seuils critiques », sur « lesquels on a déjà buté pour le SMV », a continué le général Bosser.

« Il faut y être attentif. J’avais été un des premiers à parler de remontée en puissance, et j’avais très vite vu les seuils critiques : ce peut être l’alimentation, ou l’habillement, ou l’infrastructure, etc. Aujourd’hui, ce ne sont pas des contingences secondaires. Par exemple, je crois que je n’ai plus qu’un seul quartier de disponible, celui de Châlons-en-Champagne, à la suite de la dissolution du 1er Régiment d’Artillerie de Marine », a-t-il ainsi expliqué.

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