L’armée turque a durement frappé les milices kurdes syriennes

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Jusqu’en août dernier, les milices kurdes syriennes (YPG), associés à des groupes armés arabes au sein des Forces démocratiques syriennes (FDS) ont été les seules à infliger des revers cuisants à l’État islamique (EI ou Daesh) en Syrie.

Après avoir vaillamment résisté aux offensives jihadistes à Kobané, les miliciens kurdes syriens n’ont cessé par la suite de gagner du terrain, au point d’en inquiéter Ankara, qui les considérent comme des terroristes, en raison de leurs liens avec les militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), à l’origine d’une rébellion qui ensanglante la Turquie depuis plus de 30 ans.

Dans le même temps, les YPG ont gagné le soutien de la coalition internationale anti-EI, dirigée par les États-Unis et dont la Turquie fait partie. Aussi, il est question de s’appuyer sur elles pour chasser les jihadistes de leur fief de Raqqa.

Mais, visiblement, la Turquie ne l’entend pas ainsi. C’est la raison pour laquelle elle a lancé, le 24 août, avec des rebelles syriens qu’elle soutient, l’opération « Bouclier de l’Euphrate », avec un double objectif : éliminer la menace de Daesh à ses frontières et empêcher les Kurdes syriens de faire la jonction entre les secteurs d’Afrin, de Kobané et de Djazira qu’ils contrôlent. Ce qui aurait été envisageable après le succès des FDS face aux jihadistes à Manbij.

Si, effectivement, « Bouclier de l’Euphrate » a permis de chasser Daesh des villes de Jarabulus et, plus récemment, de la localité de Dabiq, symboliquement importante pour la propagande jihadiste, il n’en reste pas moins que les milices kurdes sont aussi visées, comme en témoignent les frappes de l’armée turque menées contre elles dans le secteur de Maaret Oum Housh au nord d’Alep.

Ainsi, ce 20 octobre, et selon l’agence progouvernementale Anadolu, l’armée turque y a effectué 26 frappes contre des positions tenues par les YPG. Plusieurs bâtiments, dépôts d’armes et véhicules ont été détruits. Et le bilan de 160 à 200 miliciens kurdes a été avancé. Cependant, il n’a pas pu être confirmé par une source indépendante.

Cela étant, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui s’appuie sur un vaste réseau d’informateurs en Syrie, a fait éat d’au moins 11 tués et de 24 blessés dans les rangs kurdes. Selon cette source, les frappes turques ont visé des zones récemment prises par les FDS à l’État islamique.

La veille, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait prévenu qu’Ankara « n’attendrait plus plus que les problèmes frappent à sa porte. » Et d’ajouter : « Désormais, nous irons à la rencontre des organisations terroristes, où qu’elles se trouvent. »

De son côté, l’administration semi-autonome kurde en Syrie a dénoncé une « agression flagrante » et demandé à la communauté internationale de « faire directement pression sur la Turquie pour qu’elle arrête ses attaques ».

Sans doute que le sujet sera abordé par Ashton Carter, le chef du Pentagone, qui doit effectuer une visite en Turquie pour évoquer la situation en Irak et en Syrie. Ces derniers temps, les relations entre Washington et Ankara (qui a opéré un spectaculaire rapprochement avec Moscou) ont connu un coup de froid, les autorités turques reprochant à leurs homologues américaines leur soutien aux YPG ainsi que leur réticence à extrader le prédicateur Fethullah Gülen, accusé d’être l’instigateur du coup d’État manqué du 15 juillet.

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