L’Union africaine a adopté une charte « historique » pour la sécurité maritime

Fin août, « Pedro Cardoso Naco », une campagne mixte contre la pêche illégale, cofinancée par l’Union européenne et la Banque mondiale à hauteur de 200.000 euros et conduite avec des moyens navals fournis par la Gambie, la Guinée, la Guinée-Bissau ainsi que le Sénégal, a permis d’arraisonner le chalutier chinois Chang Jiao Yuan Yu 6 et de mettre en fuite deux autres navires – également chinois – qui pêchaient illégalement « dans une zone fermée à la pêche pour cause de repos biologique. »

Avec plus de 3 millions de tonnes de prises par an dans les eaux africaines, la pêche illégale est un vrai fléau, tant économique qu’écologique. En 20 ans, la population de mérou a ainsi chuté de 80% au large de l’Afrique de l’Ouest, notamment en raison de la pêche intensive qui y est pratiquée, le plus souvent par des chalutiers chinois. Ces derniers écoulent un tiers de leur pêche sur les marchés africains (aux dépens des pêcheurs locaux), les deux tiers restants étant partagés entre l’Europe et la Chine. Et ce sont donc ainsi des milliards d’euros qui ne bénéficient pas aux économies africaines.

D’où la nécessité pour l’Union africaine de prendre les choses en main afin d’assurer la sécurité maritime du continent. Outre le problème de la pêche illégale, d’autres problèmes se posent, comme celui de la piraterie, notamment dans les golfes d’Aden et de Guinée, ou encore celui des trafics de drogue, d’armes, de médicaments contrefaits, voire d’êtres humains.

C’est ainsi qu’à Lomé (Togo), où elle a tenu un sommet dédié à ces questions, l’Union africaine a adopté une charge contraignante sur la sûreté et la sécurité maritime. Le texte engage les 31 pays signataires à prendre les dispositions nécessaires pour « assurer la mise en oeuvre de politiques appropriées pour promouvoir la sureté en mer », ce qui passe par la création d’organismes nationaux et régionaux spécialisés.

« C’est un acte politique très important de la part de l’UA parce que l’enjeu de la sécurité du continent est mis en avant comme une priorité et les engagements politiques, juridiques qui accompagnent la charte de Lomé sont essentiels sur la longue durée », a commenté Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense, qui a assisté au sommet de Lomé. « Les chefs d’Etat et de gouvernement africains se sont aperçus au fur et à mesure que la sécurité maritime cela voulait dire aussi la sécurité tout court sur leur territoire », a-t-il ajouté.

Pour rappel, la Marine nationale est particulièrement concernée avec l’opération Corymbe, actuellement menée dans le golfe de Guinée par le BPC Dixmude.

Reste à voir si cette charte sera ratifiée. Pour entrer en vigueur, il faut au moins 15 ratifications nationales. En attendant, un comité de suivi a été mis en place, afin de « surveiller la mise en œuvre de la charte de recommander les actions pour son suivi. » Après, ce sera une question de moyens. Mais là, c’est une autre histoire.

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