La situation politique se complique encore plus en Libye

En 2014, le Congrès général national (CGN), qui était alors le seul Parlement libyen, alors dominé par les islamistes, refusa le résultat des élections législatives et la victoire des libéraux. Du coup, deux gouvernements se formèrent : l’un, à Tripoli, soutenu par la milice Fajr Libya ainsi que par le Qater et la Turquie, l’autre, à Tobrouk (est), reconnu par la communauté internationale et appuyé par l’Égypte et les Émirats arabes unis.

Par la suite, ces deux gouvernements s’affrontèrent militairement, ce qui profita à la branche libyenne de l’État islamique, laquelle prit le contrôle de la ville de Syrte. Pour lutter contre l’influence jihadiste dans le pays et régler le problème des migrants, des initiatives furent prises pour encourager l’unité politique libyenne.

Sous l’égide des Nations unies, les deux camps trouvèrent un accord en décembre 2015 pour former un gouvernement d’union nationale (GNA), avec, à sa tête, Fayez al-Sarraj. Ce dernier a été immédiatement reconnu par la communauté internationale comme seul et unique interlocuteur.

Le 30 mars, ce GNA s’installa à Tripoli et reçut plusieurs ralliements, dont celui de la milice Fajr Libya. Quant au gouvernement dominé par les islamistes, il s’effaça le 5 avril suivant. Seulement, le Parlement de Tobrouk, refusa de lui voter la confiance et continua ainsi à soutenir le gouvernement qui était auparavant reconnu par la communauté internationale. En clair, la Libye avait alors toujours deux gouvernements rivaux.

Depuis, le GNA n’a toujours pas été reconnu par les autorités de Tobrouk, lesquelles ont même lancé une opération, en septembre, pour mettre la main sur les installations du croissant pétrolier libyen. En outre, il a lancé une offensive en direction de Syrte afin d’y chasser l’État islamique. Pour cela, il a demandé le soutien des États-Unis ainsi que celui, dans une moindre mesure, de l’Italie.

Compliquée, la situation politique libyenne vient de le devenir davantage avec l’annonce faite le 14 octobre par les anciennes autorités de Tripoli, celles qui s’étaient effacés devant le GNA en avril…

En effet, l’ex-Premier ministre Khalifa Ghweil, a affirmé la « légitimité » de son « gouvernement de salut national », celui qui était issu du Congrès général national. Et il appelé ses anciens ministres à reprendre leur place et à considérer « comme suspendus de leurs fonctions » tous les responsables ayant été nommé par le GNA.

Peu avant, M. Ghweil, qui avait été marginalisé après avoir perdu le soutien de la milice Fajr Libya, s’était emparé, sans combat, des locaux du Conseil d’État libyen, la plus haute instance consultative issue de l’accord politique de décembre 2015, parrainé par les Nations unies.

Or, en vertu de ce dernier, les 145 députés du CGN sont devenus membres de ce Conseil d’État. Ce qui a sans doute facilité les choses pour Khalifa Ghweil.

Le GNA n’a pas tardé à réagir à ce coup de force. Il a ainsi promis d’arrêter « les politiciens qui (…) tentent de créer des institutions parallèles et déstabiliser la capitale », après avoir condamné la prise de contrôle du Conseil d’État par un « groupe armé ».

En attendant, les combats entre les forces loyales au GNA et la branche libyenne de l’EI continuent : 14 miliciens ont ainsi été tué lors d’une opération visant à reprendre le contrôle du quartier de Ghiza Bahriya.

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