Le projet de loi finances prévoit d’augmenter le budget de la Défense de 600 millions d’euros

La trajectoire financière définie par la Loi de programmation militaire 2014-2019 actualisée en juillet 2015 prévoyait de porter, en 2017, le montant du budget de la Défense à 32,26 milliards d’euros (dont 32,11 milliards de crédits budgétaires). Finalement, les forces armées bénéficieront d’une enveloppe légèrement supérieure.

En effet, le dernier projet de loi de finances 2017 du quinquennat de M. Hollande [.pdf] prévoit d’allouer au ministère de la Défense près de 32,7 milliards d’euros (dont 250 millions de ressources exceptionnelles), soit environ de 600 millions de plus par rapport au budget 2016.

« Les crédits de la mission s’élèvent à 32,4 Md€ auxquels il convient d’ajouter 0,25 Md€ de ressources exceptionnelles, soit 0,4 Md€ supplémentaires par rapport à l’annuité 2017 de la loi de programmation militaire actualisée du 28 juillet 2015 », souligne le ministère des Finances.

En réalité, cette hausse par rapport à la LPM est moindre étant donné que le budget de la Défense pour 2016 avait été légèrement augmenté en novembre 2015 de 273 millions d’euros, (dont 173 millions d’autorisations d’engagement et 100 millions en crédits de paiement).

Et d’ajouter : « Ces ressources supplémentaires permettent de financer les mesures décidées par le Président de la République lors du conseil de défense du 6 avril 2016 : arrêt des diminutions d’effectifs, priorité donnée à la protection du territoire national, à l’équipement et à l’activité opérationnelle, mesures destinées à améliorer la condition du personnel, et renforcement de certains axes prioritaires tels que la cyberdéfense et le renseignement. »

Cet effort en faveur de la Défense est à comparer aux 7,4 milliards de dépenses supplémentaires prévus par ce projet de loi de finances. Les principaux bénéficaires de cette hausse sont le ministère de l’Éducation nationale (+3 milliards), qui pourra ainsi recruter 11.000 enseignants de plus, et celui de l’Emploi (+2 milliards). Autres ministères « prioritaires », ceux de l’Intérieur et de la Justice verront leurs moyens augmenter respectivement de 440 millions et de 290 millions d’euros.

Même si la hausse du budget de la Défense est supérieure à ce qui avait été prévu par la LPM 2014-2019, l’on peut toutefois déplorer qu’elle ne soit pas à la hauteur des enjeux sécuritaires du moment. Alors que les discours « guerriers » contre les organisations terroristes qui ont frappé la France ces derniers mois s’enchaînent, force est en effet de constater que l’effort en faveur des forces armées – voire l’effort de guerre tout court – paraît bien modeste par rapport à ces 7,4 milliards de hausse des dépenses. Sans remettre en cause le caractère prioritaire de l’Éducation nationale, on peut aussi estimer que « qui peut le plus peut le moins », d’autant plus que le président Hollande, au lendemain des attentats de Paris et de Saint-Denis, avait affirmé que « le pacte de sécurité » devait l’emporter sur « le pacte de stabilité », lequel exige un déficit public n’excédant pas 3% du PIB.

« L’emploi des forces armées dans la guerre en cours [ndlr, Chammal, Barkhane, Sentinelle, ndlr] nous aura coûté 900 millions d’euros en 2015 (…). Depuis un an, le Président de la République et le gouvernement parlent de la guerre dans de grands discours, répétant que ‘tout est fait‘ pour détruire ‘l’armée des fanatiques’. Ce ‘tout’ représente donc, en ce qui concerne les armées, 0,041 % de ce que produit la France chaque année. À titre de comparaison, les simples subventions à la SNCF représentent 11 fois ce que nous consacrons à la guerre contre les organisations jihadistes. On est loin de la mobilisation générale », a récemment relevé le colonel Michel Goya.

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