M. Le Drian explique la mission des militaires français en Libye

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Depuis l’audition, le 26 juillet, du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, devant les députés et les sénateurs des commissions concernées et dont le compte-rendu [.pdf] a été publié deux mois plus tard, la situation politique en Libye n’a pas fondamentalement changé.

Ce pays compte toujours deux gouvernements : l’un, dit d’union nationale et soutenu par la communauté international est dirigé par Fayez el-Sarraj, tandis que l’autre, issu du Parlement légitimement élu en juin 2014, est installé dans la région de Tobrouk (est). Ce dernier s’appuie sur l’Armée nationale libyenne (ANL), dont le commandement a été confié au général Khalifa Haftar, exilé pendant un temps aux États-Unis avant de revenir en Libye au moment de la révolution contre le colonel Kadhafi.

Une des évolutions notable depuis l’audition de M. Le Drian est l’engagement militaire des États-Unis aux cotés des forces loyales au gouvernement d’union nationale (GNA), c’est à dire les milices de Misrata, contre la branche libyenne de l’État islamique (EI) à Syrte, ainsi que celui de l’Italie, qui a annoncé son intention de mettre en place un hôpital militaire à Misrata.

En juillet, trois sous-officiers du service action de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) ont perdu la vie dans la chute d’un hélicoptère appartenant à l’ANL, mit en lumière l’engagement de la France auprès du général Haftar. Ce qui donna lieu à des protestations du GNA. Lors de son audition devant les parlementaires, M. Le Drian a livré quelques explications.

« En Libye, notre objectif n’a pas changé. Il existe un Gouvernement reconnu par la communauté internationale et dirigé par M. Sarraj; il importe que ce Gouvernement soit respecté et fédère autour de lui l’ensemble des forces politiques mais également militaires, et que les milices (…) et l’armée nationale libyenne du général Haftar, se retrouvent sous une autorité politique et militaire unique autour de M. Sarraj », a commencé par rappeler le ministre.

« Toutes les forces qui luttent en Libye contre Daech doivent intégrer cette donnée, car c’est l’intérêt de la Libye et une nécessité pour le gouvernement d’union nationale », a encore insisté M. Le Drian.

Seulement, a-t-il continué, « en tant que ministre de la Défense de la France, j’ai un ennemi : Daech. » Aussi, a-t-il dit avec « brutalité », c’est pour lui « la première constatation et la première obligation. »

« Et quand Daech est à Benghazi, et encore un peu à Derna, il est tout près. Et lorsque j’apprends que des mouvements sont signalés venant du Levant vers la Libye, je considère que l’on ne peut pas laisser se développer là un nouveau cancer », a fait valoir M. Le Drian. D’où l’appui donné au général Haftar.

Cela étant, le ministre travaille pour faire que les deux gouvernements se rapprochent. « Le général Haftar entretenant, chacun le sait, des relations étroites avec l’Égypte et les Émirats arabes unis, j’ai moi-même pris l’initiative de demander au président Sissi et au prince héritier des Émirats Mohammed ben Zayed de suggérer au général Haftar de parler avec M. Sarraj », a-t-il confié. Mais, visiblement, les points de vue ont toujours autant de mal à s’accorder…

S’agissant plus précisément de l’action militaire de la France en Libye, M. Le Drian a expliqué qu’elle consiste « à recueillir le maximum de renseignements, par différents moyens », et pas seulement aériens. « Les missions de nos unités, surtout dans les zones extrêmement sensibles, peuvent parfois malheureusement donner lieu à des drames », a-t-il ajouté, en référence à la mort des trois sous-officiers du SA.

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