Chammal : La mission du porte-avions Charles de Gaulle devrait être très courte

 

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Peu après l’attentat de Nice, commis le 14-Juillet, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, était invité à faire le point sur les opérations en cours devant les députés et les sénateurs des commissions parlementaires concernées. Le compte-rendu de cette audition vient d’être publié [.pdf], deux mois après avoir eu lieu.

Cela étant, l’on y trouve quelques précisions sur le renforcement annoncé des moyens engagés dans l’opération Chammal [nom de la participation française à la coalition anti-État islamique, ndlr]. Á noter que la décision de déployer des batteries d’artillerie dans le nord de l’Irak et de mobiliser à nouveau le porte-avions Charles de Gaulle ont été prises en mai dernier, et non en réaction à l’attentat de Nice.

S’agissant du Groupe tactique d’artillerie (GTA), dont le président Hollande a indiqué, le 20 septembre, qu’il est prêt à entrer en action après avoir été déployé « au nord de Mossoul », il se compose de 4 CAESAR (Camion équipé d’un système d’artillerie), prélevés « là où ils sont le plus disponibles », et d’un détachement fort de 150 à 180 militaires et qui disposera d’une « autonomie de décision pour les modalités d’action. »

En outre, M. Le Drian a précisé que ce GTA serait installé sur la base aérienne de Qayyarah, donc au sud de la ville contrôlée par l’EI, pour « accompagner, le cas échéant, les forces irakiennes et kurdes quand elles passeront à l’offensive, conformément à la demande du gouvernement irakien. »

Ce GTA aura donc à appuyer « la progression des forces irakiennes à 60 ou 80 kilomètres de Mossoul », et contribuera ainsi à « la manœuvre d’encerclement » de la ville. Enfin, a ajouté le ministre, sa précense « permettra d’assurer la sécurité de la base » de Qayyarah. Tels étaient les plans il y a deux mois.

S’agissant du porte-avions Charles de Gaulle, qui vient d’appareiller de Toulon, avec son escorte et 24 Rafale à bord, M. Le Drian a fait valoir que son déploiement « permettra de doubler [tripler, le nombre de Rafale passant de 12 à 36, ndlr] notre capacité de frappe aérienne, déjà très significative, et de disposer de capacités supplémentaires dans le domaine du renseignement. »

Mais cela vrai pour peu de temps. « Notre porte-avions sera déployé de la fin du mois de septembre à la fin du mois d’octobre », a ainsi indiqué M. Le Drian.

Étant donné que le Charles-de-Gaulle doit subir, à partir de début 2017, son second arrêt technique majeur pendant lequel il sera indisponible pendant un an et demi, on s’attendait à ce que sa mission soit moins longue qu’à l’accoutumé… Mais pas au point de penser que son déploiement allait être si court.

Cela étant, la pertinence de ce nouveau déploiement du Charles-de-Gaulle n’est pas évidente pour tout le monde. Ainsi, un sénateur a fait valoir que les deux tiers des frappes françaises sont effectuées depuis la base H5 en Jordanie et que, par conséquent, « au-delà du symbole », l’envoi du groupe aéronaval n’était sans doute pas nécessaire…

À noter que la zone où est envoyé le groupe aéronaval français, qui compte la frégate allemande Augsburg et le destroyer américain USS Ross, sera aussi celle où sera déployé le porte-avions russe Amiral Kuznetsov, qui connaîtra ainsi son « baptême du feu ». Si Moscou affirme que ce déploiement permettra de « renforcer les capacités militaires » russes en Syrie, il sera avant tout symbolique dans la mesure où ses appareils embarqués n’ont qu’une capacité d’emport de carburant et/ou de munitions limitée.

Photo : Marine nationale

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