Syrie : Un convoi humanitaire touché par un raid aérien

Si la trêve prévue dans le plan la Syrie négocié par Washington et Moscou tenait plus de 7 jours, alors les forces russes et américaines aurait dû coordonner leurs actions contre les jihadistes présents sur le sol syrien. Mais il était inutile de s’interroger sur la façon dont allait se passer cette possible coopération, Damas ayant annoncé, le 19 septembre, la fin du cessez-le-feu à peine une semaine après son entrée en vigueur.

Pour justifier sa décision, le régime syrien a accusé les groupes rebelles de « n’avoir pas respecré une seule disposition » de l’accord, tout en soulignant que ce cessez-le-feu « devait être une réelle opportunité d’arrêter l’effusion de sang. »

De son côté, Moscou est allé dans le sens de Damas. « Compte tenu du fait que les rebelles ne respectent pas le régime de cessez-le-feu, son respect unilatéral par les forces gouvernementales syriennes n’a pas de sens », a ainsi estimé le général Sergueï Roudskoï, le chef du commandement des opérations de l’état-major russe. « Plus important, l’opposition modérée n’a pas pris ses distances avec le Front al-Nosra [maintenant Front Fateh al-Cham] », a-t-il continué. « La partie russe observe non pas une séparation sur le terrain entre l’opposition et le Front al-Nosra mais au contraire une alliance et une préparation en cours pour une offensive conjointe », a-t-il encore relevé.

Cela étant, le 16 septembre, la Russie a affirmé qu’un seul des belligérants – à savoir l’armée syrienne – respectait « réellement » la trêve, avant de proposer de reconduire cette dernière pour trois jours de plus.

Cependant, pourtant prévue dans l’accord russo-américain du 9 septembre, l’aide humanitaire aux civils vivant dans les zones tenues par les rebelles et assiégées par les forces syriennes, comme à Alep, où 250.000 personnes sont privées de tout, est restée bloquée dans une zone tampon entre les frontières turques et syriennes, faute de « garanties de sécurité » données par Damas.

« Le président [Obama] s’est déclaré profondément préoccupé que, bien que la violence ait diminué dans le pays, le régime syrien continue de bloquer l’acheminement d’une aide humanitaire indispensable », a déploré, le 17 septembre, la Maison Blanche.

Avec la fin annoncée du cessez-le-feu, qui ne concernait pas les jihadistes de Front Fateh el-Cham et de l’État islamique (EI ou Daesh), les frappes aériennes visant les secteurs tenus par les rebelles ont donc gagné en intensité. Et c’est ainsi qu’un convoi du Croissant-Rouge et du bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU, censé transporter de la nourriture fournie par le Programme alimentaire mondial des Nations Unies, a été touché par un bombardement près de la localité d’Orum al-Koubra, où sont installés des hangars abritant l’aide humanitaire.

Pas moins de 18 camions ont ainsi été détruits et 12 travailleurs humanitaires, dont au moins un appartenant au Croissant-Rouge, ont été tués.

« Nous avons malheureusement reçu une nouvelle dramatique sur une attaque contre une structure du Croissant-Rouge syrien dans la campagne près d’Alep », a confirmé Ingy Sedky, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge. « La situation sur le terrain est très chaotique et nous sommes profondément choqués que des missions et des travailleurs humanitaires aient à souffrir de nouveau de la brutalité de ce conflit », a-t-elle ajouté.

« Nous ne sommes pas sûrs si ce sont des hélicoptères ou des avions qui sont intervenus en premier. Mais ce qui est sûr, c’est que la deuxième frappe venait d’un avion, et qu’elle était particulièrement précise », a par ailleurs raconté le responsable d’une ONG syrienne à l’envoyé spécial du quotidien Libération. « Cette fois, ni le régime ni les Russes ne pourront dire qu’il s’agit d’une erreur. Le centre de stockage était identifié », a-t-il encore insisté.

D’après Staffan de Mistura, l’émissaire des Nations unies pour la Syrie, le convoi visé était « le résultat d’un long processus d’autorisation et de préparations pour venir en aide à des civils isolés. »

« La notification du convoi (…) avait été fournie à toutes les parties au conflit et il était clairement identifié comme étant humanitaire. Il ne peut y avoir aucune explication ni excuse, aucune raison ou justification pour faire la guerre à des travailleurs humanitaires courageux et désintéressés essayant d’aider leurs concitoyens qui ont désespérément besoin », a fait valoir Stephen O’Brien, le directeur de l’OCHA.

« Si cette attaque impitoyable se trouve être un ciblage délibéré des travailleurs humanitaires alors cela équivaudrait à un crime de guerre. Je demande une enquête immédiate, impartiale et indépendante sur cet incident mortel. Les auteurs doivent savoir qu’ils seront un jour tenus pour responsables des violations du droit international humanitaire et des droits humains », a continué M. O’Brien.

Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, a pointé la responsabilité de Damas pour ce bombardement. « Les Russes doivent contrôler Assad, qui de toute évidence bombarde sans discriminer, y compris les convois humanitaires », a-t-il déclaré.

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