L’opération pour reprendre Mossoul à Daesh pourrait être lancée « assez rapidement »
Il y a quelques mois, la coalition anti-État islamique (EI ou Daesh), dirigée par les États-Unis, comptait reconquérir la ville irakienne de Mossoul et chasser les jihadistes de Raqqa, en Syrie.
Le second objectif apparaît, du moins pour le moment, hors de portée étant donné que les seules forces terrestres sur lesquelles il est possible de s’appuyer, à savoir les milices kurdes syriennes (YPG), intégrées aux Forces démocratiques syriennes (FDS), ne sont a priori pas prêtes à mener une telle opération.
En revanche, il en va tout autrement pour la reconquête de Mossoul, tombée aux mains de Daesh en juin 2014, dans la mesure où la coalition soutient le gouvernement irakien, notamment en appuyant et en formant les forces de sécurité (FSI) de ce dernier.
Après avoir repris Ramadi et de Falloujah, cette année, les FSI s’approchent peu à peu de Mossoul. Fin août, elles ont ainsi chassé les jihadistes de Qayyarah, ce qui a permis d’isoler cette ville des zones qui, situées plus au sud, sont toujours sous la domination de Daesh. Cela « rendra la reconquête [de Mossoul] plus facile », avait alors estimé le général Najm al-Joubouri, du centre de commandement des opérations dans la province de Ninive.
Et, ce 20 septembre, les FSI, appuyées par des Unités paramilitaires chiites de la mobilisation populaire (Hachd al-Chaabi), ont lancé une opération visant à reprendre la localité clé de Charqat, située à 80 km au sud de Mossoul. Cette dernière a « a commencé à 05H30 (02H30 GMT) depuis plusieurs directions avec le soutien des forces de la coalition internationale », a précisé Yahya Rassoul, un porte-parole du Centre de coordination (irakien) des opérations contre Daesh. « On a bien progressé. Charqat est importante, nous ne pouvons pas avancer vers Mossoul si les terroristes contrôlent Charqat », a-t-il expliqué.
Restera à voir, sous réserve du succès de l’opération menée à Charqat, quand la reconquête de Mossoul pourra être effectivement lancée. « Nous pensons que nous serons en position d’avancer assez rapidement », a affirmé le président américain, Barack Obama, à l’issue d’un entretien avec Haider al-Abadi, le Premier ministre irakien, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies.
La reprise de Mossoul, qui est la deuxième ville d’Irak, ne sera pas une mince affaire. Ainsi, l’ONU estime que l’opération militaire envisagée pourrait provoquer le déplacement d’un près d’un million de personnes. « Nous devons être prêts à fournir de l’aide humanitaire et à reconstruire la ville », a souligné M. Obama, en assurant qu’il demanderait au Congrès ainsi qu’an membres de la coalition des financements à cette fin.
En outre, un autre écueil à éviter est celui de la présence des milices chiites, très mal vues par la population sunnites, sur lesquelles elles se sont rendus coupables de nombreuses exactions. Mais pour le président Obama, l’objectif est de veiller « à ce que l’EI ne revienne pas et que les idéologies extrémistes nées du désespoir ne reviennent pas non plus. »
Quoi qu’il en soit, pendant les frappes aériennes s’intensifient dans la région de Mossoul – 4 Rafale ont encore tiré des missiles SCALP contre un site d’entraînement de l’EI, le 18 septembre – les éléments se mettent progressivement en place.
Outre l’arrivée d’un groupe tactique d’artillerie (GTA) français, qui mettra en oeuvre des (CAESAR) Camion équipé d’un système d’artillerie) à une trentaine de kilomètres de la ligne de front, 400 militaires américains supplémentaires ont été déployés, début septembre, dans le nord de l’Irak, ce qui porte leurs effectifs présents dans le pays à 4.460 personnels. Selon un porte-parole de la coalition, leur mission est de « mettre en forme les opérations » autour de Mossoul.
D’après des responsables américains, la reconquête de Mossoul pourrait commencer dès octobre. Mais il appartient au gouvernement irakien de décider de son propre agenda. Toutefois, un indice ne trompe pas : des milliers de tracts ont récemment été largués pour prévenir les habitants. « Protégez-vous, ne soyez pas des boucliers humains pour l’ennemi, quitter la ville immédiatement » y était-il écrit.