Défense : Le président de la commission européenne veut un quartier général permanent pour l’UE

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Cela fait longtemps qu’il est question de doter l’Union européenne d’un quartier général permanent afin de planifier les opérations … Mais, jusqu’à présent, le Royaume-Uni s’y était toujours opposé, en faisant valoir des arguments qui ne manquaient pas de pertinence, le premier étant qu’une telle structure viendraient s’ajouter à celles de l’Otan, ce qui serait de nature à générer des dépenses supplémentaires inutiles.

En outre, faire fonctionner un tel état-major européen implique d’y affecter du personnel militaire (généralement des officiers), avec les luttes d’influence entre États membres que cela supposerait. Bref, en juillet 2011, le ministre britannnique des Affaires étrangères de l’époque, William Hague, s’était montré aussi ferme que définitif au sujet de cet éventuel quartier général de l’UE : « Nous ne l’accepterons pas maintenant, nous ne l’accepterons pas à l’avenir », avait-il dit.

Mais, depuis, il y a eu le Brexit… Et les Britanniques étant en passe de quitter l’UE, l’idée du quartier général permanent refait surface. Et, à l’occasion de son discours annuel sur « l’état de l’Union », prononcé devant le Parlement européen, le président de la Commission de Bruxelles, Jean-Claude Juncker, a plaidé sa cause.

« L’Europe doit s’affirmer davantage, c’est particulièrement vrai pour notre politique de défense (…) nous devons, ensemble, prendre en charge la protection de nos intérêts », a commencé par faire valoir l’ancien Premier ministre luxembourgeois.

« Au cours des dix dernières années, nous avons participé à plus de 30 missions militaires et civiles de l’UE », a rappelé M. Juncker. « Mais, a-t-il continué, sans structure permanente, nous ne pouvons pas agir de manière efficace. Les opérations urgentes sont retardées. Nous avons des sièges distincts pour des missions parallèles, même lorsqu’elles se déroulent dans le même pays ou dans la même ville. » D’où sa conclusion : « Il est temps que nous ayons un siège unique pour ces opération. » En clair, il faut un quartier-général à l’UE.

Mais ce n’est pas tout. « Nous devons également nous orienter vers des ressources militaires communes, qui dans certains cas relèveront de l’Union en plein complémentarité avec l’Otan », a poursuivi M. Juncker. Pour lui, d’un point de vue économique (et comptable), cette mutualisation des moyens est totalement justifiée.

« Le manque de coopération en matière de défense coûte à l’Europe entre 25 et 100 milliards d’euros par an, en fonction des domaines concernés. Nous pourrions utiliser cet argent pour accomplir tellement plus de choses chaque année », a-t-il avancé, en prenant l’exemple de la mutualisation des avions ravitailleurs (qui n’est sans doute pas le plus pertinent) alors que celui du Commandement européen du transport aérien (EATC) aurait été plus parlant…

Toujours au sujet des coopérations militaires entre États membres, le président de la Commission a rappelé que le Traité de Lisbonne permet à ceux qui le souhaitent « de mettre en commun leurs capacités de défense. » Aussi, il a estimé que « l’heure est venue de faire usage de cette possibilité.

Enfin, M. Juncker a aussi annoncé, pour la fin de cette année, la création d’un Fonds européens de la défense destiné à « activement la recherche et l’innovation » au profit des industriels de l’armement.

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