Syrie : La trêve sera très compliquée à faire appliquer

 

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Le 9 septembre, les États-Unis et la Russie ont conclu un accord visant à instaurer un cessez-le-feu et à lancer un processus de transition politique en Syrie. Si cette trêve tient plus d’une semaine, alors les forces américaines et russes pourraient coordonner leurs efforts contre les groupes jihadistes et terroristes qui sévissent dans ce pays.

Seulement, il sera très compliqué d’obtenir ce cessez-le-feu, qui doit prendre effet ce 12 septembre, à l’occasion de de l’Aïd el-Adha, l’une des principales fêtes du calendrier musulman. En effet, pour qu’une trêve puisse tenir dans la durée, il faut que les belligérants y soit prêts. Déjà qu’il est difficile de faire taire les armes quand il n’y a que deux camps (il suffit de voir ce qu’il se passe en Ukraine), l’affaire se corse sérieusement quand il y en a plusieurs, comme en Syrie.

Ainsi, s’il a déclaré qu’il respecterait le plan russo-américain, le président syrien, Bachar el-Assad, a affirmé, ce 12 septembre, qu’il reste « déterminé à reprendre aux terroristes toutes les régions et à rétablir la sécurité » avant d’ajouter que « les forces armées vont poursuivre leur travail sans hésitation (…) et indépendamment des facteurs extérieurs et intérieurs. » Et cela alors que les groupes rebelles contrôlent la majeure partie de la province d’Idlib.

Et le président Assad de lancer, à l’adresse de ses opposants, qu’il classe parmi les « terroristes » : « Il y a ceux qui se font des illusions, et cela fait cinq ans qu’ils ne sont pas débarrassés de ces illusions. » Voilà qui augure mal de la trêve annoncée…

D’où d’ailleurs, la demande de « garanties » de la part du du Haut comité des négociations (HCN) de l’opposition syrienne. « Nous essayons de passer complètement en revue (l’accord). C’est vraiment important pour nous de connaître les niveaux d’engagement de toutes les parties à l’accord, notamment des États », partie prenante de l’accord », a fait savoir Salem al-Mouslet, son porte-parole.

« Est-ce que la Russie va l’appliquer? Est-ce que le régime va l’appliquer et cesses ses bombardements et ses crimes? », a-t-il encore demandé.

En outre, ce cessez-le-feu ne concerne pas les organisations jihadistes, comme l’État islamique (EI ou Daesh) et le Front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra). Or, ce dernier fait partie de l’Armée de la conquête, une coalition qui réunit différents groupes salafistes. L’un d’eux, le très influent Ahrar al-Cham, a été catégorique : il ne respectera pas la trêve car « l’accord russo-américain (…) fait partir en fumée tous les sacrifices et les gains de notre peuple révolté ; il ne contribue qu’à renforcer le régime et à encercler la Révolution militairement. »

Quant aux Kurdes syriens, ils ne sont pas mentionnés dans l’accord russo-américain, même s’ils ont récemment eu maille à partir avec une milice pro-gouvernementale. En pointe dans le combat contre l’EI, les Unités de protection du peuple kurde (YGP), qui font partie des Forces démocratiques syriennes (FDS), font actuellement face aux groupes rebelles syriens soutenus par Ankara, ainsi qu’aux troupes turques déployées dans le nord de la Syrie dans le cadre de l’opération « Bouclier de l’Euphrate ».

Et pour ces milices kurdes, qui ont fait savoir qu’elles respecteraient l’accord, ne sont pas concernées par le cessez-le-feu. « Nous allons continuer le combat jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucun terroriste », a en effet affirmé, ce 12 septembre, le général Hulusi Akar, chef d’état-major des armées turc.

Pour rappel, le terme « terroriste » désigne, aux yeux d’Ankara, aussi bien les jihadistes de l’EI que les combattants kurdes syriens, liés au Parti des travailleurs du Kurdistan turc (PKK).

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