Une frégate française a mené une opération d’influence au large de la Libye

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Pour des raisons liées à la guerre d’Algérie, et alors qu’elles avaient acquis une expérience certaine en la matière, les forces françaises sont plutôt timides quand il s’agit de mener des opérations psychologiques (PSYOPS), que l’on appelle désormais « opération militaire d’influence » (OMI).

Selon la Doctrine interarmées des opérations militaires d’influence [.pdf], les OMI « regroupent l’ensemble des activités dont l’objet est d’obtenir un effet sur les comportements d’individus, de groupes ou d’organisations (info-cibles) afin de contribuer à l’atteinte des objectifs politiques et militaires. »

Pour cela, précise le document, elles « mettent en œuvre des médias spécifiques ou non aux forces armées. Elles réalisent des actions conçues principalement aux niveaux stratégique ou opératif. Elles sont conduites le plus souvent au niveau tactique. Elles s’inscrivent dans la durée. Elles délivrent des messages ou des signaux crédibles, adaptés aux spécificités culturelles et linguistiques des info-cibles. »

Or, comme le déplorait, en 2009, le chef de bataillon Boris Vallaud, alors stagiaire de la 122ème promotion du CESAT/CSEM, « les fantômes de la guerre d’Algérie restent tenaces » car « certains dénoncent toujours les risques de manipulation et de propagande avec les comportements déviants que cela engendre parfois comme le recours à la torture. » Mais pour cet officier, les militaires, « animés par une éthique rigoureuse », seraient suffisamment responsables et pourvus du discenerement nécessaire pour « utiliser cette arme à bon escient ».

Cela étant, ces dernières années, l’armée de Terre a lancé des initiatives pouvant être considérées comme entrant dans le cadre d’une opération militaire d’influence, notamment en Afghanistan, avec la mise en place de deux stations de radio (Omid en Kapisa et Radio Surobi), destinées à informer et à divertir les populations civiles, tout en expliquant l’action des militaires français et en contrant la propagande talibane.

Mais l’armée de Terre n’est plus la seule à mener ce genre d’opération. À en croire l’hebdomadaire « Le Marin », la Marine nationale s’y est aussi essayée en juin dernier, au large de Syrte, ville libyenne alors occupée par les jihadistes de l’État islamique (EI).

Ainsi, pendant seulement deux semaines, la frégate légère furtive « Courbet » aurait émis sur une fréquence de la bande FM des émissions de radio mêlant musique et messages en arabe afin de dégrader l’image de l’EI auprès de la population locale et d’inciter cette dernière à se rallier au gouvernement d’union nationale, officiellement soutenu par Paris.

Émettre au large des côtes libyennes, à partir, évidemment, des eaux internationales ne pouvait être que la seule solution pour mener à bien cette OMI dans la mesure où il était impossible de pouvoir disposer d’un émetteur à terre. Qui plus est, les jihadistes étaient incapables de déterminer d’où venaient ces émissions.

Cette OMI a-t-elle été efficace? En tout cas, elle a été menée alors que les forces loyales au GNA étaient sur le point d’entrer dans Syrte. Depuis, avec un appui aérien fourni par les États-Unis, ces dernières ont acculé les jihadistes dans un quartier de la ville.

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