Des canons français sont en cours de déploiement en Irak, à une trentaine de kilomètres des positions de l’EI

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Quelques jours après l’attentat de Nice, revendiqué par l’État islamique (EI ou Daesh), le président Hollande avait annoncé, le 22 juillet, sa décision de « mettre à la disposition des forces irakiennes des moyens d’artillerie », dans le cadre de l’opération Chammal, sans donner plus de précision.

Ce 6 septembre, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, n’en a pas donné davantage, si ce n’est que des pièces d’artillerie sont actuellement en train d’être déployées en Irak. « Nous avons décidé d’épauler davantage les forces irakiennes cet automne avec pour objectif la prise de Mossoul », a-t-il dit, lors de l’Université d’été de la Défense. « En ce moment même, des pièces d’artillerie sont installées à proximité de la ligne de front pour fournir un appui précis aux Irakiens », a-t-il ajouté.

Pour le ministre français, la « chute du prétendu État islamique est désormais une question de temps » étant donné que « ses dernières voies d’approvisionnement depuis la Turquie sont progressivement coupées. » Mais il reste encore à prendre Mossoul (Irak) et Raqqa (Syrie), ce qui n’est pas si simple.

S’agissant de ces pièces d’artillerie déployées en Irak, leur type n’a pas été précisé. Il peut s’agir de canons tractés de 155 mm Tr F1, de canons automoteurs AMX AuF F1 (ce modèle a l’avantage d’avoir été mis en service au sein des forces irakiennes dans les années 1980) ou de Camions équipés d’un système d’artillerie (CAESAR), dont 5 exemplaires ont été envoyés au 5e Régiment de Cuirassiers, implanté aux Émirats arabes unis.

Cela étant, ce déploiement de canons suppose la mise en place d’une chaîne d’appui sol-sol, avec des observateurs avancés, des officiers de coordination des feux, des chefs de pièces, des servants, des maintenanciers, des logisticiens et une force « protection ».

Le Centre interarmées de concepts, de doctrines et d’expérimentations explique, dans sa publication PIA-3.2.4.1_DLOC(2015) N° 103/DEF/CICDE/NP du 08 juin 2015, que, « très mobile, le canon peut réaliser du tir direct (comparable à celui d’un char de bataille), du tir plongeant ou du tir vertical ».

En outre, le même document précise qu’un canon impose aussi « davantage de contraintes dans la 3edimension, en particulier dans le cadre de tir vertical à longue portée pour lequel la flèche peut atteindre 19456 mètres », ce qui donne lieu « à une plus grande complexité et/ou impose davantage de délais pour mettre en sécurité, avant un tir sol-sol, les mobiles [les aéronefs, ndlr] évoluant dans la 3e dimension de la zone d’action ».

Enfin, quand le ministre affirme que les pièces d’artillerie sont proches de la ligne de front, ce n’est pas une vue de l’esprit. La publication du CICDE rappelle en effet que les « canons disponibles aujourd’hui au sein des forces françaises ont une portée maximale allant jusqu’à 38 km ».

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