Le groupe américain Textron arrête la production de bombes à sous-munitions

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Le 30 juin, le ministère français de la Défense annonçait avoir terminé la destruction de ses derniers stocks d’armes à sous-munitions (roquettes LRM et obus OGRE), dont « l’utilisation, la production, le stockage et le transfert » sont interdits par la Convention d’Oslo, que la France a signée en décembre 2008.

Ces armes à sous-munitions (ASM) sont surtout utilisées pour saturer une zone définie, comme par exemple la piste d’une base aérienne. Seulement, il arrive que toutes les charges n’explosent pas toutes en même temps, ce qui fait qu’elles font un nombre important de victimes civils post-conflit.

Cela étant, plusieurs pays, et non des moindres, n’ont toujours pas signé la Convention d’Oslo. Et, partant de là, ils n’hésitent pas utiliser les ASM en dotation au sein de leurs forces armées.

Selon le 7ème rapport à l’ONU de l’Observatoire des armes à sous-munitions, publié à Genève le 1er septembre, les ASM ont été utilisées de « manière intensive et répétée » en Syrie et au Yémen.

S’agissant de la Syrie, où Moscou soutient militairement le président Bachar el-Assad, 76 attaques avec des ASM ont été recensées entre septembre 2015 et juillet 2016. « Il y a des preuves irréfutables de l’utilisation par la Russie de bombes à sous-munitions en Syrie et/ou de sa participation directe au côté des forces armées syriennes à des attaques utilisant des armes à sous-munitions, notamment dans les régions d’Alep, Homs et Idlib », affirme le rapport.

En décembre, la Russie avait été accusée par des organisations non gouvernementales de fournir aux forces syriennes et/ou d’utiliser des ASM. Ce que Moscou avait catégoriquement démenti. Les avions russes « n’utilisent pas de bombes à sous-munitions et ces armes ne sont pas entreposées sur la base de Hmeimim », avait assuré Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin. Cependant, des images montrant des bombardiers tactiques russes larguant (ou emportant) des armes de ce type ont été diffusées, y compris, par mégarde, par Russia Today.

Au Yémen, où une coalition dirigée par l’Arabie Soudite intervient militairement pour soutenir le président Abd Rabbo Mansour Hadi face aux rebelles houthis et aux partisans de son prédécesseur, Ali Abdallah Saleh, le rapport évoque 19 attaques menées avec des ASM entre avril 2015 et mars 2016. Sous la pression d’élus du Congrès et d’ONG, Washington a alors fini par suspendre ses livraisons d’armes à sous-munitions (des CBU-105) à l’Arabie Saoudite.

D’ailleurs, il sera désormais compliqué pour les États-Unis, non signataires de la convention d’Oslo, d’exporter des ASM ou d’en doter leurs forces armées étant donné Textron, l’un des derniers industriels – si ce n’est le dernier – à en produire outre-Atlantique, a décidé d’en arrêter la fabrication.

« L’environnement politique actuel rend difficile l’obtention des autorisations d’exportation des bombes à sous-munition », a expliqué le groupe Textron, dans une note envoyée à la SEC, l’organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers.

En 2013, Textron Defense Systems avait obtenu un contrat de 641 millions de dollars pour livrer 1.300 bombes de type CBU-105 à l’Arabie Saoudite d’ici 2015.

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