Moscou remet en cause un rapport de l’ONU acccusant Damas d’avoir mené des attaques chimiques

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« Personne, aucun membre permanent du Conseil de sécurité, n’a intérêt à ce que l’emploi d’armes chimiques se banalise », a estimé le président Hollande, lors de son discours prononcé le 30 août, à l’occasion de la Conférence des ambassadeurs.

Le chef de l’État faisait ainsi allusion au rapport du Joint Investigative Mechanism (JIM), qui, rédigé par des experts des Nations unies et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), avait pointé la responsabilité du régime syrien dans deux attaques au chlore menées par des hélicoptères dans les localités de Talmenes et de Sarmines.

Pour rappel, sur les 9 cas d’attaque chimique ayant fait l’objet d’investigations, les experts du JIM ont pu déterminer les responsabilités pour seulement 3 d’entre eux. Outre le régime syrien, le rapport accuse aussi l’État islamique (EI ou Daesh) d’avoir eu recours à du gaz moutarde (ypérite) lors d’un assaut conduit à Marea, le 21 août 2015.

Aussi, la France et le Royaume-Uni ont l’intention de déposer une résolution visant à sanctionner le régime syrien, ce dernier étant accusé d’avoir commis des « crimes de guerre ».

« La France souhaite une réponse rapide et ferme du Conseil, soit des sanctions contre les responsables de ces actes qui constituent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité », a ainsi déclaré François Delattre, l’ambassadeur français auprès des Nations unies, à l’issue de l’examen du rapport du JIM, le 30 août.

En outre, M. Delattre a dit souhaiter que le mandat du JIM, qui expire en septembre, soit renouvelé pour au moins un an de plus, afin de continuer ses investigations sur d’autre possibles cas d’attaques au chlore commises dans le nord de la Syrie en 2014 et en 2015.

« Tous ceux qui sont responsables doivent rendre des comptes », a estimé Matthew Rycroft, l’ambassadeur britannique. « Nous souhaitons un régime de sanctions et l’utilisation des mécanismes légaux internationaux pour rendre la justice », a-t-il ajouté. Son homologue américaine, Samantha Powers, a exprimé un point de vue identique.

Dans les cas d’attaques au chlore, le rapport du JIM a conclu que le gaz avait été répandu par des hélicoptères militaires, lesquels ne pouvaient qu’appartenir aux forces gouvernementales étant donné que les groupes rebelles sont dépourvus de moyens aériens (sauf, pour être exact, de mini-drones utilisés pour faire de la reconnaissance).

En outre, Virginia Gamba, qui a dirigé l’équipe d’experts, a fait valoir que le rapport est basé sur des « preuves d’un haut niveau de fiabilité, vérifiées auprès de nombreuses sources. »

Pour autant, il en faut plus à la Russie pour être convaincue de la responsabilité de son allié syrien. « Les enquêteurs ont trouvé l’arme du crime mais il n’y a pas d’empreintes sur l’arme », a ainsi affirmé Vitali Tchourkine, l’ambassadeur russe auprès des Nations unies. « Il y a encore un certain nombre de questions qui doivent être clarifiées avant que nous puissions accepter les conclusions du rapport », a-t-il ajouté. Toutefois, il s’est ouvert à la possibilité de prolonger et de renforcer le mandat du JIM, qui aura été, selon lui, un « instrument utile ».

Aussi, comme la Russie, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, dispose d’un droit de veto, il n’y a aucune chance pour qu’une résolution sanctionnant le régime syrien soit adoptée.

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