Le jeu Pokemon Go! persona non grata dans les installations militaires françaises

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Il y a ceux qui voient le mal partout et ceux qui ne le voient nulle part. Et, généralement, les seconds se moquent des premiers, quitte à ravaler leurs quolibets quand les faits leur ont donné tort. Tel est le cas du Canard Enchaîné etant donné que la satire est son fond de commerce.

Ainsi, l’hebdomadaire, dans son édition du 31 août, s’est moqué d’une note de la Direction de la Protection des installations, moyens et activités de la Défense (DPID), laquelle donne des « consignes à appliquer face aux risques induits par le jeu Pokémon Go! ».

Cette application, qui utilise la réalité augmentée, a déjà fait l’objet d’une mise en garde de la Gendarmerie à l’adresse de ses nombreux utilisateurs. Et cela afin d’éviter des accidents susceptibles d’être causés par des chasseurs de « Pokémon » trop absorbés par leur quête virtuelle. Certains d’entre eux, perdant tout sens commun, ont même déambulé entre les tombes de l’ossuaire de Douaumont pour tenter de capturer Pikachu et ses comparses.

Et c’est qui inquiéte le contre-amiral Frédéric Renaudeau, le patron de la DPID. « Absorbés par le jeu, oublieux du monde réel et de ses contraintes, les joueurs sont susceptibles de s’introduire en tous lieux ou de se rassembler en nombre important pour parvenir à leurs fins », souligne-t-il.

Et parmi eux, le risque de trouver des personnes ayant d’autres motivations que la chasse aux Pokémon n’est pas à écarter. « Sous couvert de jeu, il ne peut être exclu que des individus mal intentionnés cherchent à s’introduire subrepticement ou à recueillir des informations sur nos installations », avertit la note de la DPID. Et cela d’autant plus, précise-t-elle, « plusieurs sites du ministère de la Défense, dont des zones hautements sensibles, abriteraient des objets et créatures virtuels. »

Ce risque est en outre avéré. En juillet, un ressortissant français a été retrouvé dans une enceinte militaire indonésienne en train de chasser un objet virtuel. Au Canada, la police militaire a rapporté plusieurs incidents ayant eu lieu sur au moins 3 bases. Pour autant, le jeu n’y a pas été interdit pour autant. Toutefois, a indiqué une porte-parole de la base de Halifax, « on cherche à dissuader les militaires comme les civils d’y jouer autour des établissements de défense. »

En outre, la note de la DPID met en avant deux autres aspects : le caractère addictif de ce jeu de réalité augmentée pour les personnels militaires et civils et le risque de géolocalisation des joueurs, lequel a d’ailleurs été souligné par le site Techcrunch.

« Ce jeu peut générer des phénomènes addictifs préjudiciables à la sécurité individuelle et collective du personnel de la Défense », estime en effet la DPID. Les forces américaines partagent ce souci, des bases ayant averti leur personnel du danger qu’il y aurait à chasser le Pokémon près des pistes d’aviation.

Enfin, pour la DPID, la question des données personnelles que chaque joueur communique souvent à son insu quand il utilise cette application de réalité augmentée soulève des problèmes de sécurité. « Les données de géolocalisation des joueurs, non protégées, pourraient donner lieu à exploitation », avertit-elle.

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