La Chine a lancé un satellite « quantique » de télécommunications expérimental

quess-20160816Dans la nouvelle « Le scarabée d’or », l’écrivain américain Edgar Allan Poe estimait qu’il n’y avait aucun code secret imaginé par un cerveau humain qui ne puisse être « cassé » par une autre cerveau humain. Aussi, pour la Chine, disposer de moyens de communication inviolables fait partie des priorités de son programme stratégique des sciences spatiales, élaboré en 2011 dans le cadre de son 12e plan quinquennal.

Pour cela, l’Administration spatiale nationale chinoise (CNSA) a lancé le projet QUESS (Quantum Experiments at Space Scale/Expériences quantiques à l’échelle spatiale), lequel consiste à mettre au point satellite capable de transmettre de l’information en utilisant les propriétés de l’intrication quantique.

Théoriquement, ce nouveau protocole de télécommunication, appelé « téléportation quantique », est totalement inviolable. Pour cela, il utilise des photons polarisés pour envoyer des clés de chiffrement nécessaires au décodage de l’information.

Ainsi, deux photons sont dit intriqués quand les états qui les décrivent sont indissolublement liés. C’est ce qui permet donc de distribuer des clés de chiffrement uniques. En outre, les données contenues dans chaque particules ne peuvent pas être lues par un tiers dans la mesure où leur interception provoquerait leur autodestruction.

Pour le moment, cette technologie n’en est qu’à ses balbutiements… Et elle ne serait efficace que pour transmettre des messages sur des distances relativement courtes, de l’ordre de 300 km.

Aussi, le lancement, ce 16 août, depuis le désert de Gobi, du satellite « Micius » (nom latinisé du philosophe chinois Mozi), pourrait donner un avantage important à la Chine. En effet, cet engin expérimental tentera de transmettre des données chiffrées entre Pékin et Urumqui, la capitale de la province de Xinjiang, soit sur une distance de 2.500 km.

Et ce ne sera pas une mince affaire car cela suppose une extrême précision dans l’orientation du satellite Micius vers les stations réceptrices au sol. « Ce sera comme lancer une pièce de monnaie d’un avion volant à 100 km d’altitude et espérer qu’elle vienne se ficher exactement dans la fente d’une tirelire-cochon en rotation », a expliqué Wang Jianyu, le chef du projet, à l’agence Chine Nouvelle.

« Ce satellite (…) marque un tournant dans le rôle de la Chine. De celui de suiveuse en matière de développement de technologies de l’information classiques, à celui de leader menant les futurs accomplissements du secteur », se réjouit déjà le physicien Pan Jianwei, qui participe à ce programme. « La Chine peut espérer la création d’un réseau mondial de communications quantiques vers 2030 », a-t-il ajouté.

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