Le groupe jihadiste Boko Haram se divise

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En mars, Abubakar Shekau, le chef du groupe jihadiste Boko Haram, qui a fait allégeance à l’État islamique (EI) en 2015 et pris le nom de « Province ouest africaine de l’Organisation de l’Etat Islamique », était apparu mal en point dans un vidéo diffusée via Youtube. Et ses propos laissaient supposer que ses jours étaient même comptés. « Pour moi, la fin est venue », avait-il dit. Et il ne donna plus de signes de vie par la suite.

Puis, le 3 août, Al Nabaa, l’hebdomadaire officiel de l’EI, a publié un entretien avec cheikh Abu Musaab Al Barnawi, présenté comme étant le nouveau « wali » (chef) de Boko Haram. Jusqu’à présent, ce dernier passait pour un porte-parole du groupe jihadiste nigérian. Aussi, cela a relancé les spéculations sur le sort de Shekau, déjà donné mort à plusieurs reprises.

Très prudent, un expert nigérian de la sécurité a confié à l’AFP que Shekau était encore vivant mais que la nomination d’Al Barnawi à la tête de Boko Haram s’expliquerait par une prise de distance de l’EI à son endroit, notamment en raison de son manque de fiabilité.

Analyste Modern Security Consulting Group (Mosecon), Yan St Pierre a aussi évoqué cette piste. Avec Shekau, « Boko Haram a perdu son prestige et est devenu difficile à contrôler. Aujourd’hui, Boko Haram est divisé en plusieurs petits groupes », a-t-il expliqué à la même source.

Et, apparemment, cette explication serait la bonne. Au lendemain de la diffusion d’Al Nabaa, Abubakar Shekau est sorti de son silence en diffusant un message audio pour faire savoir qu’il est « toujours présent ». En outre, il affirme avoir été « trompée » par certains de ses combattants et l’EI au point, de ne « plus les suivre aveuglément ».

« Par ce message, nous voulons affirmer que nous n’accepterons plus aucun émissaire (de l’EI), sauf ceux vraiment engagés dans la cause d’Allah », dit-il dans son message. En outre, Shekau interpelle Abu Bakr al-Baghdadi, le chef de l’EI (qu’il continue d’ailleurs d’appeler « calife ») sur les « déviances » d’Al-Barnawi.

« On voyait déjà d’un point de vue stratégique que le groupe était fortement divisé », a commenté Yan St-Pierre. « Maintenant la division est publique et le linge sale n’est plus lavé en famille », a-t-il ajouté.

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