Candidat à la Maison Blanche, Donald Trump remet en cause le principe de défense collective de l’Otan

trump-20160722Vainqueur des primaires du Parti républicain, Donald Trump n’est pas un homme à s’embarrasser avec les détails, quitte à multiplier les approximations, les promesses hasardeuses, les « solutions » simplistes et les invectives à l’égard de ceux qui le contestent. Et, visiblement, cela fonctionne puisqu’il sera candidat à la course présidentielle…

En mars, Donald Trump avait évoqué les questions de politiques étrangères lors d’un entretien accordé au Washington Post. À cette occasion, il avait critiqué le fonctionnement de l’Otan en estimant que les pays européens se reposaient trop sur les États-Unis pour leur sécurité. Ce qui est en partie vrai.

Pour autant, le candidat républicain n’est pas le seul à avoir fait ce constat. Avant lui, les différents chefs du Pentagone qui se sont succédé pendant le mandat de Barack Obama (Robert Gates, Leon Panetta, Chuck Hagel) ont appelé les Européens à faire davantage d’efforts pour leur défense. Mais à aucun moment ils n’ont remis en cause le principe fondateur de l’Otan, c’est à dire la défense collective.

Ce que M. Trump ne s’est pas privé de faire. Ainsi, dans un entretien donné cette fois au New York Times, le promoteur de « l’Amérique d’abord » a estimé que défendre un allié de l’Otan ne va « notamment pas de soi ». Et d’expliquer que si la Russie attaquait les États baltes, il déciderait d’une intervention militaire après avoir vérifié que ces pays « ont bien respecté leurs obligations vis-à-vis de nous. » Et quelles seraient ces « obligations »? Mystère.

En clair, le candidat du Parti républicain remet ainsi clairement en cause l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord, lequel contient la clause de défense collective de l’Otan. Cette dernière avait été invoquée par les États-Unis au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. Et cela, pour la première fois de l’histoire de l’Alliance.

Qui plus est, M. Trump a répété son souhait de voir les autres membres de l’Otan augmenter leurs contributions. « Je préférerais pouvoir continuer à respecter les alliances passées, mais pour cela, les alliés doivent cesser de profiter des largesses des Etats-Unis, que ceux-ci ne peuvent plus se permettre », a-t-il expliqué.

Le président estonien, Toomas Hendrik Ilves, a été l’un des premiers à réagir à ces propos. « Nous sommes solidaires à égalité de tous les membres de l’Otan, indépendamment du fait de quel membre il s’agit. Cela les rend alliés », a-t-il répondu au magnat américain de l’immobilier.

Son adversaire du Parti démocrate, Hillary Clinton, a estimé que, avec ce type de propos, Donald Trump « est inapte et fondamentalement pas préparé à diriger notre pays. »

En Europe, la chancelière Angela Merkel, dont le pays devrait jouer un rôle militaire plus important dans les années à venir, a, par la voix de son porte-parole, rappelé que « fondamentalement, le gouvernement allemand s’en tient à l’article 5 du traité de l’Otan. » Et d’insister : « Il s’agit de la promesse centrale de solidarité au sein de l’alliance, qui nous unit (…) et qui nous guide. La défense collective d’après l’article 5 est et demeure la mission principale de l’Otan. »

« On peut facilement imaginer que Vladimir Poutine soutienne une victoire de Trump », a aussi réagi Jack Sullivan, le conseiller en politique étrangère de Mme Clinton. Et le quotidien polonais Gazeta Wyborcza, proche de l’opposition centriste, pense la même chose.

« Le président Vladimir Poutine se réjouit sans doute en pensant que Donald Trump pourrait devenir son partenaire à Washington. Mais en même temps cela devrait l’inquiéter », fait valoir ce journal. « Un tel président saperait la réputation des Etats-Unis et de toute évidence les affaiblirait. Sous sa présidence on pourrait même voir l’Otan se désintégrer », a-t-il ajouté.

Le quotidien indépendant Rzeczpospolita est sur la même ligne. « Donald Trump met en danger l’Otan », estime-t-il, avant de pronostiquer une « déstabilisation du monde occidental avec des conséquences incalculables, non seulement stratégiques, mais aussi économiques, que les Etats-Unis seront les premiers à ressentir. »

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]