Somme 1916-2016 – La volonté d’en découdre à tout prix du capitaine Do Hüu Vi

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« Il faut être doublement courageux, car je suis Français et Annamite », aurait dit le capitaine Do Hüu Vi. Né le 17 février 1883 dans une famille aisée de Cholon (Cochinchine), cet officier aurait pu choisir une existence confortable… Mais telle n’était pas sa vocation.

Suivant les traces de son frère (qui commandera la 363e RI) et après avoir suivi des études au lycée Janson de Sailly, à Paris, Do Hüu Vi est admis avec le titre étranger, à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr et intègre la promotion « Centenaire d’Austerlitz ». Il a alors 21 ans.

En 1906, il rejoint la Légion étrangère avec les galons de sous-lieutenant. Affecté en Afrique du Nord, le jeune officier ne tarde pas à se faire remarquer. En 1908, il obtient une première citation pour avoir « commandé judicieusement sa section, la plus exposée ». Quelques mois plus tard, et après d’autres coups d’éclat dans les confins algéro-marocains, il est promu lieutenant.

Mais les progrès de l’aviation naissante le passionnent. En 1911, il est affecté au 144e Régiment d’Infanterie, à Bordeaux, pour ensuite être détaché au service de l’aviation. Il prend alors des cours de pilotage l’école du camp de Châlons et obtient le brevet de pilote n°649 de l’Aéro-Club de France et le brevet de pilote militaire n° 78.

Par la suite, l’officier retrouve le Maroc, où il sert à la section d’aviation de Casablanca (escadrille BL3). Là, avec son Blériot XI, il enchaîne les missions, souvent périlleuses, de reconnaissance. En décembre 1912, il devient le premier aviateur à assurer la liaison Casablanca-Marrakech. Pour ses états de service, il est fait chevalier de la Légion d’Honneur.

Mais sa période marocaine se termine. En septembre 1913, après un congé de trois mois, il rejoint le 1er groupe d’aéronautique de Versailles. C’est alors qu’il ressent le mal du pays… Et le besoin de revoir ses proches. Il obtient d’être affecté au Bataillon du Tonkin du 1er Régiment Étranger. Il lui est alors demandé d’expérimenter l’hydroglisseur Lambert sur le Mékong.

Le lieutenant Do Hüu Vi ne restera pas longtemps au Tonkin. La Première Guerre Mondiale ayant éclaté, il demande de revenir en métropole pour se battre. Ce qu’il obtient rapidement. En octobre 1914, il est affecté à l’escadrille VB1 en tant qu’observateur bombardier, puis, début 1915, à l’escadrille VB102.

En avril, alors qu’il vient d’être promu capitaine, il part pour une importante mission de reconnaissance à bord d’un Voisin LAS, en dépit de très mauvaises conditions météorologiques. Malheureusement, au retour, il est victime d’un grave accident. La mâchoire et la base du crâne facturées, il reste 9 jours dans le coma à l’hôpital du Val-de-Grâce. Il ne se remettra pas complétement de ses blessures. En tout cas, pas au point de prendre à nouveau les commandes d’un avion.

vi-20160710-2Toutefois, il obtient de servir en tant qu’observateur1er groupe de bombardement. Avec son pilote, Marc Bonnier, il survole plusieurs fois l’Allemagne, et prend même part à des raids. Mais il n’en démord pas : l’officier veut en découdre et insiste pour piloter. Peine perdue. Après avoir été l’adjoint des commandants des 1er et 2e groupes d’escadrilles de bombardement, il demande de retrouver son arme d’origine, c’est à dire l’infanterie. Il obtient, en juin 1916, le commandement d’une compagnie du Régiment de marche de la Légion étrangère.

Le 9 juillet, vers 16 heures, à la tête de ses hommes, le capitaine Do Hüu Vi est touché par plusieurs balles lors de l’assaut du boyau du Chancelier, entre Belloy-en-Santerre et Estrée (Somme). Telle fut la fin du premier aviateur vietnamien de l’histoire.

« Officier courageux et plein d’entrain, est glorieusement tombé en entraînant sa compagnie à l’assaut des tranchées allemandes », est-il écrit dans la citation qui lui sera attribuée à titre posthume. Sur sa tombe, il est écrit, en guise d’épitaphe : « Capitaine-aviateur Do-Huu, Mort au Champ d’Honneur, Pour son pays d’Annam, Pour sa patrie, la France. »

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